A Gaza, les amputations se multiplient

Le blocus israélien sur le matériel médical et les médicaments force les médecins à pratiquer des amputations pour soigner des blessures.

Environ 2'000 enfants ont dû être amputés depuis le début du conflit. © KEYSTONE

A Gaza, les médecins ne peuvent pas faire grand-chose pour soulager la douleur de Sahib Khuzaiq, trois ans. Le petit garçon a subi l'amputation d'une jambe après avoir été touché par un éclat d'obus israélien. Le territoire palestinien assiégé, qui connaît une pénurie de médicaments.

"Sahib souffre et a besoin d'analgésiques et d'une prothèse disponible uniquement en dehors de Gaza", a déclaré à l'AFP son père Ali Khuzaiq, 31 ans, depuis l'hôpital Al-Ahli à Gaza-ville où son fils est soigné. Le 6 décembre, une frappe aérienne israélienne sur leur quartier de Tal Al-Hawa, au sud-ouest de Gaza-ville, a blessé Sahib et détruit la maison de famille, a expliqué M. Khuzaiq.

Le manque de médicaments et d'équipements à Gaza depuis le début de la guerre contraignent les équipes médicales à pratiquer des amputations pour soigner des blessures qui, dans certains cas, auraient pu être évitées.

2'000 enfants amputés

D'après le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, dix enfants perdent une jambe ou deux dans la bande de Gaza en moyenne chaque jour, ajoutant que ce chiffre ne prenait pas en compte les enfants qui perdent un bras ou une main. "Dix par jour, cela veut dire environ 2'000 enfants" depuis octobre, a déclaré mardi M. Lazzarini.

Le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmoud Basal, a déclaré à l'AFP que cette estimation semblait réaliste, car "lorsque les équipes de la défense civile travaillent sur le terrain, à chaque frappe, elles récupèrent des enfants, dont beaucoup perdent des jambes ou des bras, nécessitant parfois des amputations".

Des sources médicales expliquent que les amputations sont souvent la seule option possible et celles-ci sont pratiquées dans de mauvaises conditions.

"Il y a des moments où l'anesthésie n'est pas disponible, mais pour sauver la vie d'un blessé, nous avons recours à l'amputation, ce qui provoque de fortes douleurs" chez le patient, a indiqué à l'AFP le Dr. Maher, chirurgien à l'hôpital Al-Ahli. "Chaque jour, des attaques entraînent des amputations de jambes ou de bras chez des enfants, des adultes et des femmes", a-t-il précisé.

Hôpitaux hors-service

Les prothèses pour remplacer les membres amputés sont rares dans la bande de Gaza, soumise à un blocus par Israël qui restreint l'entrée du matériel médical et des médicaments. "Les hôpitaux ici n'ont ni traitement ni médicaments", déplore M. Khuzaiq qui espère que Sahib pourra être soigné hors de Gaza.

Le nord de la bande de Gaza est plus difficile d'accès que le sud pour l'acheminement de l'aide humanitaire. La plupart des hôpitaux "sont hors-service en raison des attaques directes de l'armée israélienne", assure-t-il.

Marwa Abu Zaida, 40 ans, et son fils Nasser Abu Drabi, âgé de huit ans, nourrissent aussi l'espoir de quitter le territoire palestinien pour recevoir des soins et des prothèses adaptées. La jambe de la mère et le bras du garçon ont été amputés après qu'ils ont été blessés dans une frappe israélienne contre leur maison à Beit Lahia, au nord de Gaza-ville.

"Mon fils et moi craignons de changer notre pansement à cause de la douleur", a confié la mère qui n'a pas accès aux analgésiques. "Le secteur de la santé s'est complètement effondré à Gaza", dénonce le responsable du Croissant-Rouge palestinien Bashar Murad.

Peu d'évacuations

Les évacuations médicales se font au compte-goutte même pour ceux qui ont des pathologies lourdes. Depuis le 7 octobre, "4'989 personnes" ont pu être évacuées de la bande de Gaza pour des raisons médicales, mais "25'000" ont encore besoin de partir "pour être soignées", assure M. Murad.

ATS
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