La science est une balance, l’indic est la génétique

Grâce à une nouvelle loi, la police pourra désormais approfondir les analyses ADN lors d'enquêtes criminelles.

Image d'illustration. © Pixabay

Elucider des crimes grâce à l’ADN est une pratique qui existe depuis de nombreuses années. Mais, depuis le 1er août, la police et les enquêteurs ont accès à davantage d’informations sur les auteurs de délits graves, comme des viols ou des assassinats, grâce à une nouvelle loi.

Cette loi permet aux autorités de connaître la couleur des yeux et des cheveux, l’origine ou encore l’âge d’un criminel, pour autant qu’il ait laissé ses traces génétiques. Jusqu’à maintenant, la loi limitait les analyses, permettant à la police d'identifier uniquement le sexe de l'auteur des faits.

"On pouvait analyser les marqueurs du chromosome Y que les hommes se transmettent, mais nous n'avions pas de base de données qui permettaient de comparer ces traces entre elles, ajoute Nicolas Fürst, commissaire principal à la police de sûreté. Désormais, c'est chose faite. A quoi ça sert? Cela nous permet d'identifier une lignée paternelle pour autant qu'un membre de cette lignée ait déjà été arrêté par la police et a eu son ADN analysé."

La question de la sphère privée

Cette modification de la loi sur les profils ADN fait suite à une motion du Conseil National qui avait été déposée à la suite du viol non élucidé d’une jeune femme en 2015 à Emmen, dans le canton de Lucerne. Près de 400 échantillons d’ADN avaient été analysés, mais les enquêteurs n’avaient pas pu avoir accès à l’entier des informations génétiques, faute de base légale.

A noter tout de même que cette modification de la loi ne permet pas d'utiliser cette technique pour élucider des délits mineurs, comme des vols, pour une question de protection des données. "Avec cette nouvelle technologie, on analyse des parties du code génétique qui donnent énormément d'informations sur la personne qui a laissé ses traces. On pourrait par exemple détecter la propension à certaines maladies. Le législateur voulait mettre un cadre rigide parce que nous entrons là dans la sphère privée des auteurs. C'est pour cela que les infractions graves sont les seuls cas où l'on utilisera cette outil."

La police cantonale de Fribourg estime qu’elle pourrait avoir recours à cette nouvelle loi une à deux fois par année pour des affaires qu’elle ne parviendrait pas à démêler autrement. Sous certaines conditions, l'analyse ADN pourrait même être utilisée pour élucider de vieilles affaires. 

RadioFr. - Lauriane Schott / Adaptation web: Mattia Pillonel
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