Dix ans d'arts du feu à Gruyères

La sixième édition du Marché des Arts du Feu s'est tenue ce week-end dans la cité médiévale. Au total, plus de 8'000 personnes sont venues.

Plus de 8'000 ont parcouru la cité de Gruyère durant le Marché des Arts du Feu. © Frapp

Les ruelles vibrent au son du marteau en ce dimanche. 35 stands ont pris leur quartier au sein de la cité. Sur ces derniers, différentes sculptures et œuvres d'art toutes issues des ateliers d'artisans venus principalement de Suisse et de France. Ils travaillent la céramique, le verre ou le métal. Seul dénominateur commun: le feu, élément essentiel lors de la production de ces objets.

Ce rassemblement est né dans l'esprit de Monique Durussel, présidente du comité des Arts du Feu. Il y a quelques années, elle était journaliste et critique d'art ici en Gruyère. "Je rencontrais beaucoup d'artisans qui pensaient que la cité médiévale serait l'endroit rêvé pour exposer leur travail. Par la suite, je suis rentrée au Conseil communal où j'ai reçu la culture comme dicastère. Comme on manquait de manifestations à Gruyères, je n'ai pas hésité plus longtemps."

Préserver un savoir-faire ancestral 

Outre l'exposition et la vente, plusieurs ateliers sont proposés au public, comme la possibilité de peindre un vase qui sera ensuite cuit façon Raku, une technique d'émaillage japonaise datant du 16e siècle. Les enfants peuvent aussi s'essayer au tour du potier, cet appareil circulaire permettant de façonner l'argile avant sa cuisson. 

Au-dessus du musée HR Giger, quatre forgerons en chemises bleues effectuent des démonstrations devant les visiteurs curieux. Tous sont membres de la forge de la Tzintre, du côté de Charmey. Construite à la fin du 19e siècle, elle a été reprise par Frédy Roos, petit-fils du fondateur. "À l'époque, les fromagers descendaient leurs meules de la montagne à dos de mulet. Il fallait donc les ferrer et c'est tout naturellement qu'une forge s'est construite dans cet environnement", raconte le forgeron. 

Tandis que l'un de ses collègues tourne la manivelle servant à activer le feu, un autre prépare le morceau de fer destiné à être forgé. Il faut arriver à 800 degrés au moins si l'on veut espérer faire fondre le métal. Armé d'un solide marteau, Frédy Roos le frappe pour lui donner la forme qu'il souhaite. Dès que ce dernier est rouge, il est manipulable comme de la pâte à modeler. "La différence avec un sculpteur par exemple, c'est qu'on ne fait que transformer la matière, on ne jette rien."

Offrir une vitrine

Pour la plupart des artisans, la visibilité qu'offre le Marché des Arts du Feu est un véritable cadeau. Travaillant seuls dans leur atelier durant une bonne partie de l'année, il est très rare qu'ils parviennent à vivre entièrement de leur art. "Ici, on leur offre une sorte de vitrine, explique Monique Durussel. Ils ont la possibilité de créer des contacts avec le public. Même s'ils ne vendent pas forcément sur le marché, beaucoup leur font des commandes ultérieurement."

Fort de ce succès, le comité des Arts du Feu prévoit déjà la septième édition du festival lors du premier week-end de septembre 2025.

Frapp - Dimitri Faravel
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