Chauffeur de Flixbus condamné à Zurich

La justice zurichoise a condamné un chauffeur de Flixbus à deux ans de prison avec sursis. En décembre 2018, son bus a terminé sa course contre un mur, au bout d'une piste condamnée d'une bretelle d'autoroute à Zurich. L'accident avait fait deux morts et 42 blessés.

L'accident du bus a fait deux morts et 42 blessés au petit matin du 16 décembre 2018 à Zurich. Le véhicule a terminé sa course contre un mur en béton, situé au bout d'une plateforme d'évitement du pont de la bretelle autoroutière aboutissant en ville (archives). © KEYSTONE/WALTER BIERI

Dans son jugement rendu mercredi soir, le Tribunal de district de Zurich a reconnu l'accusé coupable d'homicides par négligence, de lésions corporelles par négligence et d'effraction grave au code de la route. Il a suivi entièrement le réquisitoire du procureur. La défense avait demandé que la sanction se limite à une amende.

Le prévenu, un Italien de 63 ans, n'était pas présent mercredi à son procès. Il s'était fait dispenser pour des raisons psychiques.

Vitesse excessive sur la chaussée enneigée

La Cour a conclu que le chauffeur roulait bien trop vite, compte tenu de la neige et du givre qui recouvraient la chaussée, ainsi que de la mauvaise visibilité. S'il avait adapté sa vitesse aux conditions météo, il aurait réussi à arrêter son bus à temps.

L'accusé était responsable de son bus et connaissait les lieux ainsi que les conditions de circulation au moment du drame, a rappelé le tribunal. Un appel téléphonique à sa centrale en témoigne. De plus, il avait effectué le même trajet à plusieurs reprises au cours des mois précédents.

En outre, le chauffeur savait que la plupart des passagers n'avaient pas bouclé leur ceinture de sécurité. Il aurait donc dû conduire d'autant plus prudemment, estiment les juges. La défense avait, en vain, pointé du doigt les passagers plaignants, car le chauffeur les avait enjoints à boucler leur ceinture.

Sur une piste condamnée

L'accident est survenu au petit matin du 16 décembre 2018. Le bus parti en retard de Milan assurait la liaison Gênes (I) - Mannheim (D).

Il a été pris de vitesse sur la bretelle de l'A3, qui aboutit en ville de Zurich à partir d'un pont. Le car s'est déporté sur une piste condamnée depuis l'abandon d'un projet de prolongement de l'autoroute. Son freinage tardif n'a pas pu empêcher l'impact dans le mur qui empêche les véhicules de tomber dans la rivière Sihl.

"Il est à peine croyable qu'un chauffeur professionnel ait conduit de cette manière", a déploré le procureur durant le procès. Face aux enquêteurs, le principal intéressé avait même dit que la visibilité était "très mauvaise".

Lors des interrogatoires, le prévenu s'était plaint de son employeur qui, selon lui, pouvait licencier un chauffeur en cas de retards sur l'horaire. Il a déclaré aux enquêteurs qu'il était "profondément désolé de ce qui s'était passé".

Freinage trop tardif

L'accident aurait pourtant pu être facilement évité grâce à une vitesse adaptée, a soutenu le procureur devant la Cour. Le tronçon concerné autorise une vitesse maximale de 60 km/h. La mauvaise visibilité, la neige et le givre auraient donc dû contraindre le chauffeur du bus à rouler à 30 km/h, selon l'acte d'accusation. Une estimation que la défense a contestée vainement.

Or, le véhicule roulait à 68 km/h au moment où il a freiné une première fois, à 136 mètres de l'impact, lorsqu'il s'est déporté sur la piste sans issue. Le chauffeur a même brièvement réaccéléré avant de planter sur les freins à 42 mètres du mur qu'il a percuté à une vitesse de 48 km/h. L'enquête a établi que le freinage aurait été suffisant si le chauffeur n'avait pas réaccéléré.

Victime tombée dans la rivière Sihl

L'accusé a été blessé. Le deuxième chauffeur du bus fait partie des deux personnes ayant perdu la vie dans l'accident. Il a succombé à ses graves blessures à l'hôpital. L'autre victime est une passagère qui est tombée dans la Sihl, où elle s'est noyée, inconsciente. Seules cinq personnes sur les 49 à bord s'en sont sorties indemnes sur le plan physique.

La Cour a estimé que l'accident est à l'origine de la mort des deux victimes. Le décès du deuxième chauffeur à l'hôpital, deux semaines après l'accident ne serait pas intervenu si son collègue avait conduit prudemment. Les malformations d'organes dont il souffrait n'y changent rien. Il en va de même de la passagère, même si les circonstances de sa chute dans la rivière restent peu claires, selon le tribunal.

ATS
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