COP26: "On pourrait être aussi surpris qu'avec la pandémie"

Luc Robyn fait partie des médecins qui ont signé la lettre ouverte à Alain Berset. "Les conséquences sont déjà visibles sur la santé!"

"Je crois que nous n'avons pas encore bien compris l'urgence dans laquelle nous nous trouvons", estime le généraliste fribourgeois Luc Robyn. © RadioFr.

La planète brûle, il faut agir et vite. C'est en résumé l'appel lancé par plus de 1'000 médecins à destination du ministre en charge de la santé Alain Berset. Ils ont envoyé une lettre ouverte, avec plusieurs revendications, à destination du conseiller fédéral qui fait partie de la délégation suisse en déplacement à Glasgow pour le sommet international sur le climat. La COP26 vient de débuter et va durer jusqu'au 11 novembre.

"Je crois que nous n'avons pas encore bien compris l'urgence dans laquelle nous nous trouvons. Ce n'est pas quelque chose qui va bientôt, un jour, on ne sait jamais, peut-être, arrivée! C'est là et bien réel et on pourrait être, au moins, autant surpris qu'avec l'arrivée du Covid qui a débordé tout notre système de santé", prévient Luc Robyn, médecin généraliste à Attalens et spécialiste en médecine tropicale. Il a signé la lettre ouverte à destination d'Alain Berset.

Parmi les conséquences les plus visibles, il y a le moustique tigre, identifié en Suisse et qui résiste de plus en plus à la période hivernale. "C'est un moustique très vorace qui nous inquiète car c'est un vecteur de maladies parasitaires qui fait craindre l'émergence de maladies connues dans les climats tropicaux, telles que la dengue, le virus zika et le chikungunya. Nos collègues français ont identifiés ce genre de maladies en Savoie, tout comme dans le Piémont en Italie", explique Luc Robyn.

Ce médecin généraliste ne se définit pas ouvertement comme un militant écologiste de la première heure "mais simplement comme un médecin citoyen inquiet", précise-t-il. Plusieurs éléments dans sa pratique quotidienne de la médecine lui montre une accélération de certains problèmes. " Le plus révélateur, c'est l'encéphalite à tique. Elles sont de plus en plus présentes. Depuis deux ans, à 800m d'altitude ici à Attalens, je commence à en enlever au mois de janvier, ce n'est pas anodin", constate Luc Robyn.

Mais qu'attendre de ce sommet international ? Pas grand chose répond la grève du climat Fribourg. "C'est un moyen de remettre la question du climat sur l'agenda, mais ce n'est pas dans les COP climats que des décisions concrètes vont être prises", critique notamment Fabrice Bourquenoud, activiste fribourgeois.

Selon Ivo Wallimann-Helmer, professeur en humanité environnemental à l'Université de Fribourg, cette conférence est très importante et possède un aspect positif :"L'adaptation des populations aux changements climatiques sera abordé à la COP26 et c'est un sujet dont on parle habituellement peu."

Mais cet expert reste aussi critique envers ce sommet diplomatique, notamment au niveau d'un sujet: "On parle beaucoup de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais pour arriver aux objectifs de l'accord de Paris, on aura aussi besoin des technologies. Et c'est un sujet qui reste trop peu discuté et qui n'est pas suffisamment coordonné au niveau international." 

RadioFr. - Vincent Dousse / Mehdi Piccand
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