Fribourg, smart ou pas smart?

Le concept de ville intelligente ("smart city") séduit, interroge et parfois inquiète. Exemples dans le canton de Fribourg.

smart farming ou comment utiliser la technologie pour produire mieux © KEYSTONE

Une ville intelligente, c'est quoi? "C'est une ville qui utilise les technologies de l'information afin d'améliorer la qualité de vie de ses habitants", définit Eva Paul, chargée de projet à la Fondation Jean Monnet.

L'idée n'est pas nouvelle, puisque les cités antiques tentaient déjà de rendre l'existence de leurs occupants plus confortable. En 2021, le concept s'est élargi aux domaines de l'innovation.

Produire intelligent

Imaginez par exemple des exploitations entières, placées sous surveillance minutieuse grâce notamment à des caméras ultra performantes. Objectif: produire beaucoup mais de manière futée, en ciblant précisément les besoins de chaque plant. L'idée c'est aussi de limiter au maximum les risques de maladie, de réduire le recours aux produits chimiques et de préserver les ressources naturelles. Voilà l'agriculture intelligente, qui permet de réduire la pénibilité du travail.

De la science-fiction? Non mais l'anticipation d'une réalité à laquelle le directeur de la Promotion économique du canton de Fribourg croit beaucoup. Tout comme Thomas Rime, responsable projets innovation à l'Institut agricole de Grangeneuve. Institut qui mène, entre autres, une expérience sur un champ de choux, en collaboration avec l'Ecole d'ingénieurs et avec le financement de la Nouvelle Politique Régionale fribourgeoise. Le but: engranger un maximum d'informations sur ces cultures grâce à toute une batterie d'outils technologiques mais aussi de connaissances agricoles plus classiques, afin notamment de les protéger contre les insectes ravageurs tout en limitant le recours aux produits phytosanitaires.

Vivre dans des bâtiments 4.0

Et le BIM, ça vous parle? Pour les profanes, cet acronyme signifie "Building Information Modelling", que l'on peut traduire par la réalisation de maquettes numériques. En 3D, elles intègrent toutes sortes de paramètres comme les matériaux utilisés et leur évolution au fil du temps, la future consommation énergétique du bâtiment.

Des senseurs chargés de détecter le moindre problème permettront de réagir rapidement. De quoi réaliser l'édifice idéal, solide, durable, écologique et tant qu'à faire pas trop coûteux. Si Fribourg ne compte pas encore beaucoup de ces bâtiments BIM, Alain Lunghi, directeur adjoint de la Promotion économique du canton en est sûr: "la vague a commencé".

Citoyen acteur

Produire et construire de manière smart c'est bien, mais avec la participation de ceux qui en profitent, c'est encore mieux. Une démarche suivie par les concepteurs de Wood-ID, sur le site de Bluefactory à Fribourg. Ce bâtiment, réalisé à base de modules préfabriqués "a été pensé pour un montage et un démontage facile", explique Loïc Simon, chef de projet chez Enoki, l'une des entreprises qui mènent le projet.

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La structure pourra donc être installée ailleurs dans le canton. Mais pour le moment, le bâtiment accueille les anciens occupants de l'"Annexe 2", vouée à la démolition, qui ont donc été consultés au préalable. Le nouveau bâtiment répond ainsi au plus juste à leurs besoins. Une démarche participative utilisée aussi par les chercheurs de l'Institut Human-IST à Fribourg avec leur projet Streetwise. Le principe: demander à des citoyens de regarder des photos de rues et définir s'ils s'y sentent à l'aise. "On peut ainsi savoir quels espaces apportent un sentiment de sécurité", précise le doctorant Timo Schuler.

Garder un oeil critique

On le constate, le concept smart touche à de nombreux secteurs. Et à la technologie pure et dure est venu s'ajouter le souci de remettre l'humain au centre. Mais la digitalisation et l'utilisation des technologies de l'information suscitent aussi des interrogations, sur le stockage des données notamment.

Les technologies pourraient aussi creuser les écarts, entre générations également ou encore entre les sexes. "Les hommes sont plus nombreux à travailler dans les secteurs du numérique", souligne Eva Paul. "Ils développent des outils davantage à leur image, qui ne conviennent pas forcément à l'ensemble de la population."

Dans un contexte de pandémie, les avantages de la digitalisation pour limiter la propagation du virus restent évidents: paiement sans contact, travail à distance possible grâce aux outils numériques. "Le canton de Fribourg sera fortement digitalisé d'ici 5 à 6 ans", estime pour sa part Alain Lunghi, comme dans le reste de la Suisse. Nous voilà prévenus!

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RadioFr. - Sarah Camporini
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