Gaza: Biden veut "un cessez-le-feu immédiat"

Le 1er ministre israélien Benjamin Netanyahu fait face à une pression accrue, notamment de la part du président américain Joe Biden. Celui-ci l'a pressé jeudi de conclure "sans délai" un accord pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, au bord de la famine.

Joe Biden a prévenu le dirigeant israélien que la poursuite du soutien des Etats-Unis à son opération à Gaza dépendrait de décisions "concrètes" pour protéger les civils, selon la Maison Blanche. © KEYSTONE/AP/Stephanie Scarbrough
Un Palestinien pleure en tenant un enfant mort trouvé sous les décombres d'une maison détruite par les bombardements israéliens dans le camp de réfugiés de Nusseirat, au centre de l'enclave. © KEYSTONE/AP/Mohammed Dahman
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L'entretien téléphonique entre les deux dirigeants survient près de six mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a dévasté la bande de Gaza, et quelques jours après la mort de travailleurs humanitaires, tués par une frappe israélienne.

M. Biden, qui s'était dit "indigné" par cette frappe, a évoqué pour la première fois la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures "tangibles" de la part du gouvernement israélien pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours dans le petit territoire assiégé.

"Destructions délibérées"

L'ONG Médecins dans frontières (MSF) a dénoncé jeudi les "destructions systématiques et délibérées du système de santé" du territoire palestinien" par Israël lors d'une conférence de presse.

"Il y a des blessures par écrasement à l'abdomen, au thorax, des amputations des jambes et des bras nécessaires, et en plus de cela, les patients souffrent de graves brûlures", a détaillé Genève Amber Alayyan, responsable adjointe des programmes de l'ONG pour le Proche-Orient.

"Aucun système de santé au monde ne peut faire face au volume et au type de blessures, ainsi qu'aux états de santé que nous voyons quotidiennement", a-t-elle estimé.

Les ONG ne veulent pas quitter Gaza

Les ONG MSF, Oxfam, Médecins du Monde et Save the children International ont par ailleurs alerté sur leur quasi impossibilité de travailler dans le territoire palestinien.

Aucune de ces ONG ne prévoit à ce stade de partir, même si la question se pose "chaque jour", a indiqué Isabelle Defourny, présidente de MSF France. "Les conditions pour apporter une assistance humanitaire ne sont pas réunies", a-t-elle ajouté.

Près de 200 humanitaires tués

La mort lundi dans une frappe israélienne de sept travailleurs humanitaires de l'ONG World Central Kitchen (WCK), basée aux Etats-Unis, a accru le mécontentement international, l'armée israélienne ayant reconnu une "grave erreur".

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, près de 200 travailleurs humanitaires ont été tués, selon Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF.

"Intentionnalité ou incompétence"

"Ce type d'attaques est soit intentionnel, soit révélateur d'une incompétence dangereuse", a-t-il fustigé jeudi lors d'une conférence de presse à Genève.

La guerre entre Israël et le Hamas, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien, a été déclenchée après l'attaque de combattants du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre dans le sud d'Israël. Elle a entraîné la mort de 1170 personnes du côté israélien, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées, selon Israël, dont 130 seraient toujours détenues, parmi lesquelles 34 seraient décédées.

En représailles, Israël mène des opérations militaires dans le territoire palestinien, s'étant juré d'anéantir le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007.

Plus de 33'000 morts

Plus de 33'000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne a poursuivi jeudi ses opérations dans le centre de la bande de Gaza ainsi qu'à Khan Younès (sud). En 24 heures, 62 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué du ministère de la Santé du Hamas.

Sur fond d'inquiétudes d'une opération terrestre, voulue par Netanyahu, à Rafah (sud), où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l'ONU, la communauté internationale ne cesse d'exhorter Israël à protéger les civils et travailleurs humanitaires à Gaza.

"Pas acceptable"

Au Royaume-Uni, quelque 600 juristes britanniques ont réclamé jeudi la suspension des ventes d'armes à Israël au nom d'une violation du droit international et d'un "risque sérieux de génocide".

Au Canada, le Premier ministre, Justin Trudeau, a martelé lors d'un point presse que la mort d'humanitaires "n'arrivait pas par hasard" et ce n'était "pas acceptable".

Après la frappe israélienne, l'ONG WCK, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations via un couloir maritime depuis Chypre, accroissant les craintes pour la situation alimentaire des quelque 2,4 millions d'habitants.

Les USA exigent des mesures immédiates

Les Etats-Unis ont exigé jeudi d'Israël de permettre une "augmentation spectaculaire" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, disant vouloir voir des mesures concrètes prises "dans les heures et jours qui viennent", tandis que plusieurs pays tentent d'acheminer davantage d'aide, notamment par parachutage.

Mais l'acheminement de vivres par les airs ou la mer ne peut se substituer aux routes terrestres, insistent l'ONU et de nombreux pays.

245 calories par jour

Selon une étude jeudi de l'ONG Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec 245 calories par jour, soit "moins d'une boîte de haricots", ce qui, selon l'ONG, représente "moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens".

"Les livraisons de farine sont retardées (...). Il y a aussi une pénurie de légumes, de viande et d'autres produits essentiels", a dit mercredi à l'AFP un habitant de la ville de Gaza qui tentait de récupérer des denrées alimentaires.

Malgré un "mécontentement croissant" de Washington face à son allié, le soutien des Etats-Unis à Israël reste "inébranlable", a toutefois assuré jeudi un porte-parole de la Maison Blanche.

ATS
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