Le héron garde-bœufs, vagabond de nos régions

Il y a quelques semaines, un ornithologue amateur apercevait un oiseau bien particulier dans un champ en Gruyère, entre Riaz et Vuippens: un héron garde-bœufs. Croyant avoir aperçu un spécimen rare, il nous signale sa découverte. Mais même si cet oiseau ne niche pas en Suisse, il visite régulièrement le pays depuis 1974.

Reconnaissable à ses plumes blanches et à son bec jaune, on pourrait le confondre avec la Grande Aigrette, mais son corps est beaucoup plus petit et trapu. Il est un commensal du bétail, c'est-à-dire qu'il s'associe à une autre espèce pour s'accaparer les aliments que cette collaboration lui apporte. C'est sa position, lorsqu'il se perche sur le dos des animaux qu'il suit qui lui a donné son surnom de "garde-bœufs", comme s'il surveillait le périmètre pour les prévenir du danger.

Mais ce n'est pas sur la peau de ses associés qu'il trouve sa nourriture. Lorsque ces grands animaux se déplacent, ils font fuir les insectes et invertébrés vivant au sol. Le héron n'a alors plus qu'à becqueter ce qui lui fait envie. Une coopération qu'il pourrait retrouver avec les vaches présentes dans les pâturages helvétiques.

Là où bétail va, héron le suit

Au début du 20e siècle, le héron garde-bœufs n'était présent que sur le continent africain et en Inde. Doté d'une grande capacité d'adaptation, il commence à vadrouiller dans les régions du sud de l'Europe, en Camargue notamment. Aujourd'hui, il est observable durant toutes les saisons en Suisse. Depuis le début de l'année, 1209 observations ont été réalisées sur le territoire, dont 44 dans le canton de Fribourg.

Même si le réchauffement climatique a vraisemblablement joué un rôle dans l'expansion de cet oiseau dans nos contrées, François Turrian, directeur romand de l'association Birdlife, pense que la raison de sa présence serait davantage liée au développement de l'élevage. "Pour peu qu'il trouve du bétail, le héron trouvera de la nourriture."

Si d'aventure, vous croisez le chemin du héron garde-bœufs, n'hésitez pas à signaler sa présence sur le site de la station ornithologique suisse de Sempach.  Bien entendu, assurez-vous qu'il s'agit de la bonne espèce avant d'annoncer votre découverte