"Je suis piégée dans cette affaire"

Sylvie Bonvin-Sansonnens est l'invitée de la rédaction de ce lundi. Elle revient sur le licenciement du directeur du CO de la Tour-de-Trême.

La procédure de licenciement du directeur du CO de la Tour-de-Trême a fait parler au-delà des frontières du canton. © Frapp

Radio Fribourg: C'était en janvier, Frédéric Ducrest, le directeur du cycle d'orientation de la Tour-de-Trême se fait licencier. Une procédure exceptionnelle qui a provoqué un malaise dans le monde de l'enseignement. Sylvie Bonvin-Sansonnens, vous êtes la conseillère d'État en charge de la formation. Un mois après cette décision, est-ce que vous regrettez quelque chose?

Sylvie Bonvin-Sansonnens: Non, je n'ai aucun regret. Vous savez, je suis piégée dans cette affaire. Frédéric Ducrest a choisi de parler du conflit entre son employeur et lui-même sur la place publique. Un employeur n'a pas à étaler les détails de la situation, en particulier lorsque celle-ci est conflictuelle. Si je réponds publiquement à ses propos, si je m'explique ouvertement, alors je ne respecte pas les règles qui régissent les relations entre un employeur et son employé.

L'ancien directeur disait notamment qu'il y avait des divergences de vues. Lui plaidait par exemple pour le maintien des exigences en mathématiques ou en français pour les évaluations, ainsi que le maintien d'une relation verticale entre les professeurs et les élèves. Ce n'est pas votre vision au Service de l'enseignement?

Bien sûr que c'est notre vision. Simplement, ce n'est pas la raison de son licenciement. Il a détourné le regard sur d'autres éléments.

Alors justement, quelle est votre vision? À quoi doit ressembler l'enseignement?

Il y a deux termes que le Service de l'enseignement met en avant, et qui sont très importants: la bienveillance et l'exigence. On ne parle pas de fermeté. La dernière fois que j'ai entendu ce terme, c'était dans la bouche d'un dresseur canin, donc je pense qu'il n'est pas adapté pour les écoles. Mais l'exigence est un élément important. L'école publique doit accueillir tous les élèves, avec leurs compétences et leurs difficultés. C'est un enjeu important, difficile pour les enseignants et le monde scolaire.

Ainsi les évaluations, le respect de l'autorité sont des choses essentielles?

C'est très important pour moi. Je peux citer l'article 1 de la loi scolaire, qui dit que l'objectif de l'école est de seconder les parents dans l'éducation, puis de développer le potentiel de chaque enfant. Chacun doit évoluer à son rythme.

Frédéric Ducrest a été soutenu par une grande partie des enseignants. Est-ce que vous n'avez pas peur que le contact entre la direction et le terrain soit rompu?

Je ne pense pas. Deux camps ont été créés en quelque sorte, ce que je trouve extrêmement regrettable, mais nous avons aussi reçu du courrier qui décrit la situation d'une tout autre manière. Je n'ai pas peur d'une fracture avec le terrain, parce que je suis dedans et nous l'écoutons.

Écoutez l'interview complète:

RadioFr. - Maëlle Robert / Adaptation web: Mattia Pillonel
...