Les enfants sont au cœur du débat sur le mariage pour tous

Les opposants axent leur campagne sur le bien-être des enfants élevés dans une famille homoparentale. Que dit la science sur le sujet ?

Le mariage pour tous prévoit l'accès à la PMA pour les couples de lesbiennes. © KEYSTONE

C’est l'un des arguments phares dans le débat sur le mariage pour tous : celui du bien-être des enfants. Les Suisses se prononceront le 26 septembre prochain sur une révision du code civil. Le texte veut ouvrir le mariage civil aux couples de même sexe. Pour le Conseil fédéral, qui défend le texte, il s'agit ni plus ni moins que de garantir aux couples homosexuels les mêmes droits que les couples hétérosexuels

En cas d’acceptation du mariage pour tous, les couples de même sexe pourront adopter conjointement un enfant et les femmes mariées pourront recourir au don de sperme. C'est une question sensible qui cristallise les débats dans cette campagne puisque la procréation médicalement assistée est très encadrée aujourd'hui en Suisse. Seuls les couples hétérosexuels peuvent y faire appel mais il faut attester d'une infertilité ou d'une maladie sexuellement transmissible.

Pour le gouvernement, le bonheur des enfants ne dépend pas de la configuration familiale. Les opposants ne sont pas de cet avis. Via des affiches de campagne choc, ils estiment qu'un enfant qui grandira avec deux mamans ne s'épanouira pas aussi bien qu'avec un papa et une maman. Du moins, les référendaires estiment qu'il n'y a pas encore le recul nécessaire pour s'assurer qu'il n'y aura pas des déséquilibres dans l'éducation d'un enfant élevé dans une famille homoparentale.

Faux, répond Loris Grandjean, le président de l'association fribourgeoise des psychologues. "Cela fait bien cinquante ans qu'on s'intéresse à cette thématique et la recherche en psychologie est assez univoque. Toutes les études sont claires : il n'y a pas de différences observées qui peuvent être attribuées à la composition familiale."

Certaines études - notamment françaises - font tout de même état de dissimilitudes. Mais pour Loris Grandjean, il y a des biais méthodologiques. "Ce que ces études oublient de mentionner comme facteur explicatif, c'est que dans les familles homoparentales, on a beaucoup d'enfants qui sont nés dans une famille hétérosexuelle, que les parents ont divorcé et que le père ou la mère se sont ensuite remis en couple avec quelqu'un du même sexe. Je vous laisse donc imaginer le trauma que cela peut représenter pour un enfant. Mais un peu de bon sens suffit pour dire que cela n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle".

D'autres études montrent également des différences avec une autre variable explicative : la pression sociale. "Si on a des parents de même sexe à Helsinki en Finlande ou au Tennessee aux Etats-Unis, ce n'est pas la même réception dans la société et donc ce n'est pas le même quotidien pour ces enfants et leur bien-être", explique Loris Grandjean. Les Suisses devront trancher le 26 septembre. En revanche, dans le projet de loi, le don de sperme anonyme, le don d’ovules et la gestation pour autrui resteront interdits.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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