Les femmes du monde entier se mobilisent

De Kaboul à Bangkok, les femmes du monde entier manifestent mercredi pour leurs droits, bafoués en divers endroits de la planète, entre talibans au pouvoir en Afghanistan, répression de la contestation en Iran, féminicides ou remise en cause du droit à l'avortement.

Une réfugiée afghane participe à un rassemblement organisé à l'occasion de la Journée internationale de la femme, à Islamabad au Pakistan mercredi. © KEYSTONE/AP/Anjum Naveed

Au Pakistan, pays très conservateur et patriarcal, les femmes sont descendues dans les rues par milliers malgré les tentatives des autorités de plusieurs villes d'empêcher ces marches, où sont évoqués des sujets souvent tabous comme le divorce, le harcèlement sexuel ou les menstruations.

"Nous n'allons plus nous asseoir en silence. C'est notre jour, c'est notre heure", a résumé Rabail Akhtar, une enseignante à Lahore. "Pourquoi ont-ils tellement peur que les femmes défendent leurs droits ?", a surenchéri Soheila Afzal, une graphiste.

En Afghanistan, "pays le plus répressif au monde en ce qui concerne les droits des femmes", selon Rosa Otounbaïeva, cheffe de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua), elles étaient une vingtaine à manifester à Kaboul, a constaté l'AFP.

Effacées

Depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, "les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique" dans ce pays, a déploré lundi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres qui, plus généralement, s'est inquiété que "l'égalité entre les sexes s'éloigne de plus en plus" dans le monde.

"Au rythme actuel, (l'organisation) ONU Femmes la fixe à dans 300 ans", a-t-il affirmé.

Lors d'un sommet Forbes organisé à Abou Fhabi, l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a souligné que "les femmes et les enfants étaient les principales victimes des conflits et du changement climatique" et "qu'aucun endroit (...) nous le montre de façon plus dramatique aujourd'hui que l'Ukraine".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d'ailleurs tenu à rendre hommage mercredi aux femmes "qui ont sacrifié leur vie" depuis le début de l'invasion russe il y a un an. Son homologue russe Vladimir Poutine a, lui, célébré les femmes qui "accomplissent leur devoir" notamment militaire.

Sanctions inédites

Démarche symbolique et inédite à la veille du 8 mars, l'Union européenne avait adopté mardi des sanctions contre des individus responsables de violations des droits des femmes dans six pays dont le ministre taliban de l'Enseignement supérieur Neda Mohammad Nadeem alors que les Afghanes n'ont plus le droit d'aller à l'université ou dans l'enseignement secondaire.

Le Royaume-Uni a imité l'UE mercredi en gelant les actifs et interdisant de séjour plusieurs individus et entités responsables de violences envers les femmes en Iran, en Syrie, au Soudan du Sud et en République centrafricaine.

Dans l'Irlande voisine, le gouvernement a lui annoncé que la population allait se prononcer par référendum en novembre sur le retrait de la Constitution d'articles considérés comme "dépassés" sur la place des femmes, censées être "à la maison", vestiges d'une époque où le pays se trouvait sous l'influence d'une branche très puritaine de l'Eglise catholique.

Ailleurs en Europe, des rassemblements sont organisés à travers l'Espagne, où une marée violette est attendue à Madrid en fin de journée, ou en France, pays dans lequel la contestation est notamment placée sous le signe de la lutte contre la réforme des retraites, accusée d'être injuste envers les femmes.

En Turquie, qui détient une moyenne d'un féminicide par jour et où trois femmes ont été tuées mercredi selon les médias locaux, une manifestation est prévue autour de la place Taksim d'Istanbul, malgré son interdiction par les autorités.

Féminicides

A Cuba, faute de pouvoir manifester librement, les organisations féministes indépendantes contourneront pour leur part les célébrations officielles en se mobilisant via une "manifestation virtuelle" sur les réseaux sociaux où elles sensibiliseront notamment sur les féminicides.

Tandis qu'au Mexique, c'est avec les slogans "Plus une seule femme assassinée" et "Contre la violence masculine et le travail précaire" que les manifestants défileront dans les principales villes du pays, où 969 féminicides ont été recensés officiellement en 2022.

Même mot d'ordre en Colombie où des rassemblements sont prévus pour réclamer des mesures contre l'augmentation du nombre de féminicides, passé de 182 en 2020 à 614 l'année dernière, selon les données du ministère public.

Les féministes se mobilisent aussi tout particulièrement à travers le monde pour défendre le droit à l'avortement, remis en cause en particulier aux Etats-Unis par la décision de la Cour suprême de révoquer en juin l'arrêt "Roe v. Wade" de 1973 garantissant ce droit.

"Nous luttons contre (...) un patriarcat (...) qui se bat sans répit contre nos droits, comme l'avortement, que nous avons obtenus en nous battant", clame le manifeste de la marche madrilène.

ATS
...