"Nous sommes contraints d'agir face à l'urgence climatique"

Renovate Switzerland mise sur les actions chocs pour alerter la population. Le mouvement a organisé une soirée d'échanges samedi à Fribourg.

Renovate Switzerland compte une dizaine d'activiste à Fribourg et une trentaine de sympathisants. © Keystone

Leurs actions ne laissent personne indifférent. Bloquer l'accès au Gothard un week-end prolongé, interrompre le discours d'une conseillère fédérale un 1er août, se coller une main à une œuvre d'art: ces actions, ce sont celles des activistes de Renovate Switzerland. Le mouvement a organisé une soirée de débats, d'échanges et de discussions le week-end dernier à Fribourg. 

Des actions non violentes

Créé il y a un peu plus d'une année, ce mouvement mise sur les actions non violentes pour alerter la population sur les dangers du dérèglement climatique.

Pour ces activistes, il faut agir et vite. Leur demande? "Notre objectif est que le gouvernement déclare l'état d'urgence climatique. Nous voulons la mise en place d'un plan pour la rénovation énergétique des bâtiments d'ici à 2030, explique Riwal Leemann, coordinateur de Renovate Switzerland à Fribourg. C'est une demande simple, précise et consensuelle."

Pour cet étudiant de l'Université de Fribourg, la politique traditionnelle est bien, mais trop lente et inefficace. "La politique parlementaire est importante, mais aujourd'hui, elle n'est pas suffisante pour faire bouger les choses. Cela fait des décennies qu'on est courant du dérèglement climatique. Pourtant, il ne se passe rien, nos émissions de CO2 continuent d'augmenter."

Aujourd'hui, on a pas d'autre choix que d'avoir des mouvements de résistance civile non violente, car les moyens traditionnels comme les pétitions n'ont pas fonctionné pendant des décennies

Le mouvement est-il entré en discussion avec le gouvernement fribourgeois? "Cela n'a pas été fait. Mais je sais que l'été passé, le discours du 1er août de Simonetta Sommaruga avait été interrompu à Fribourg et les médias en avaient parlé. Souvent, quand on veut discuter avec les gouvernements, on n'obtient pas de réponse", regrette Riwal Leemann. 

Des actions qui énervent... ou pas

Bloquer des familles qui partent vers le sud pour un long week-end. Ce genre d'action n'a pas franchement de quoi susciter beaucoup de sympathie. "Notre demande est légitime, se défend Riwal Leemann. On ne reçoit pas que des messages négatifs, il y a aussi plein de personnes qui nous soutiennent."

Pour cet étudiant, les activistes sont poussés à agir par l'urgence de la situation. "Il faut bien comprendre que ce sont des gens comme nous, des citoyens qui ont un travail, qui participent à ce genre d'action. Il faut se demander pourquoi ils sont prêts à mettre leur vie et leur travail en danger. Ils auront des conséquences juridiques, peut-être l'ouverture d'un casier judiciaire. Ils auraient mieux à faire, mais la situation demande de faire ce genre d'action", explique Riwal Leemann.

On est en train de comparer le fait de bloquer des personnes 1 ou 2 heures dans leur voiture à l'urgence climatique, à la survie de l'humanité

L'étudiant en sciences de l'environnement poursuit: "Nous n'avons pas envie de bloquer ces gens, nous sommes contraints de le faire face à l'urgence climatique. Il faut se rendre compte que c'est efficace. Il y a plus de la moitié de la population suisse qui a entendu parler de Renovate Switzerland alors que le mouvement existe depuis à peine une année."

Riwal Leemann défend cette méthode et ses résultats. "Peu de gens réfutent le réchauffement climatique. Si les gens ne sont pas d'accord avec les moyens, ils sont d'accord avec le but."

RadioFr. - Vincent Dousse
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