Brandons de Payerne: des messages racistes choquent

Certaines plaisanteries sur les vitrines des commerces, jugées offensantes, ont fait réagir. Le comité des masqués présente ses excuses.

Le comité reconnaît que certaines blagues ont pu dépasser la frontière "entre l’humour piquant et l’offense ." © Lucien Agasse

"Chien accepté, juste en cuisine" devant un restaurant asiatique, "liquidation finale, solde de 39 à 45%" sur la vitrine de l'ancien Manor, détenu par une famille juive. L'humour des Barbouilles, ces participants aux Brandons de Payerne qui vont peindre des slogans satiriques sur les vitrines des commerces de la ville au premier soir des festivités, n'a pas été au goût de tout le monde cette année.

Partagés sur Instagram par un photographe payernois, ces messages ont suscité des réactions sur le réseau social, notamment celle de Mathilde Marendaz, élue d'Ensemble à Gauche au Grand Conseil vaudois.

Le Comité des masqués présente ses excuses "à toutes les personnes qui ont pu être affectées" dans un communiqué ce mardi. "La frontière entre l’humour piquant et l’offense peut être mince. Certains messages ont pu être perçus comme dépassant cette limite, et nous regrettons sincèrement que cela ait pu blesser ou mettre mal à l’aise la population et les commerçants", écrivent les organisateurs. Ils appellent à "une réflexion pour allier la tradition satirique au respect."

Des réactions jusqu'au Grand Conseil

Plusieurs élus sont intervenus au Parlement cantonal pour dénoncer ces tags. "Inscrire de prétendues blagues qui reviennent en réalité à banaliser le génocide sur un magasin appartenant à une personne de confession juive est complétement inacceptable", a déclaré le député Hadrien Buclin. Il rappelle également que Payerne avait été le théâtre de l'assassinat en 1942 du commerçant juif Arthur Bloch par des nazis suisses. 

Le député socialiste Romain Pilloud a lui aussi déploré le phénomène: les commentaires racistes, antisémites, misogynes anti-asiatiques, transphobes, ont choqué bien au-delà de la Broye, a-t-il souligné. Bien que réalisés par un petit nombre de personnes, "ces actes sont graves et violents".

"Ce n'est pas de l'humour: c'est du racisme décomplexé, de l'antisémitisme décomplexé", dirigés contre des personnes précises, a-t-il lancé. Ce que d'aucuns ont trouvé drôle tombe sous le coup de la norme pénale antiraciste. En novembre 2023, le Parlement vaudois avait déjà dit qu'il ne tolérait pas les actes haineux, a-t-il rappelé.

Les deux députés ont appelé les autorités à prendre la mesure du phénomène et à renforcer leur action. D'autant plus qu'il ne s'agit que d'un événement parmi d'autres, a souligné M. Buclin.

ATS / Frapp - Simon Gumy
...