Pérou: présidente destituée
La présidente péruvienne Dina Boluarte a été destituée aux premières heures de vendredi, après une procédure marathon devant le Parlement, sur fond de crise sécuritaire dans le pays.

La destitution de la présidente a été approuvée", a annoncé le président du Parlement, José Jerí, à l'issue d'une très courte session à laquelle Dina Boluarte ne s'est pas présentée, bien qu'elle ait été convoquée. Le président du Parlement devrait assumer le pouvoir par intérim jusqu'aux élections générales d'avril 2026.
Plusieurs personnes ont célébré face au Parlement la décision, agitant des drapeaux péruviens et brandissant des pancartes hostiles à la présidente de 63 ans. Destituée, Dina Boluarte perd de fait son immunité et se retrouve désormais exposée à d'éventuels procès susceptibles de la conduire en prison.
"Incapacité morale"
La cheffe de l'Etat ans avait été convoquée en séance plénière à partir de 23h30 locales jeudi, selon une résolution adoptée par le Parlement.
Les principales forces politiques du Parlement monocaméral ont déposé jeudi cinq motions de destitution. L'examen de quatre d'entre elles a été approuvé dans la soirée à la majorité par le Parlement monocaméral.
Les motions invoquent une "incapacité morale permanente" de la présidente à exercer ses fonctions, selon les documents lus à l'ouverture de la session parlementaire.
Dina Boluarte a déjà fait l'objet de plusieurs tentatives de destitution, sans qu'aucune n'aboutisse jusqu'à présent. Cette fois-ci, la procédure a été approuvée, les partis de droite et d'extrême droite qui la soutenaient jusqu'à présent l'ayant lâchée.
Crise
Le Pérou traverse la pire période d'instabilité politique de son histoire moderne, avec six présidents en près de neuf ans. Arrivée au pouvoir après la destitution du président Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts, Dina Boluarte connaît une impopularité record.
Son mandat a par ailleurs été entaché par plusieurs affaires, dont le scandale du "Rolexgate", portant sur des montres et bijoux de luxe qu'elle n'aurait pas déclarés, et une rhinoplastie pratiquée en juillet 2023 gardée secrète alors que la loi l'obligeait à en informer le Parlement.
Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement se sont multipliées à Lima face à la vague d'extorsions et de meurtres attribués au crime organisé.
Artistes attaqués
Cette nouvelle crise politique intervient alors qu'un groupe de musique a été la cible de tirs mercredi soir dans la capitale qui ont fait cinq blessés, dont quatre musiciens.
Les autorités n'ont pas encore déterminé si l'attaque était liée au fléau de l'extorsion. Cependant, le président de l'Association des artistes et entrepreneurs du Pérou, Walter Dolorier, a assuré que les musiciens avaient reçu des "menaces" de la part de groupes criminels.
"Les Péruviens vivent dans une peur constante (...) et cela n'est pas une manoeuvre politique, mais la conséquence du fait que nous n'avons pas de véritable dirigeante, seulement de la frivolité", a dénoncé la députée Norma Yarrow, du parti de droite Renovación Popular.