La réalité du streaming pour les artistes fribourgeois
Gagner sa vie grâce aux plateformes de streaming s'avère difficile. Lorage et Femme Fatale partagent leurs perspectives.
En 2023, l'industrie musicale suisse a généré 234 millions de francs, dont 88% proviennent désormais du streaming, selon l'Association nationale des labels. Cette tendance a des implications majeures pour les artistes. Pour un million d'écoutes sur Spotify, un artiste gagne environ 2000 francs, qui sont ensuite souvent partagés entre les membres du projet. Par conséquent, le streaming seul ne constitue pas une source de revenu significative.
"En général, les artistes ont tendance à mettre le doigt sur l'importance d'acheter du "merch" (merchandising), ou d'acheter des choses directement chez les artistes, parce que c'est tellement plus grand, ce que ça peut nous rapporter. C'est de l'argent qu'on peut ensuite réinvestir pour continuer les projets musicaux" explique Jay, producteur et interprète du duo fribourgeois Femme Fatale. Il souligne également l'importance des passages en radio.
"Un cadeau monumental"
Thibaut Maillard, alias Lorage, ne rejette cependant pas l'utilité des plateformes. "C'est un cadeau monumental. Je n'aurais peut-être jamais publié ma musique sinon" témoigne-t-il. Effectivement, le streaming permet de donner de la visibilité aux artistes sans l'appui d'une grande maison de disques.
Le nombre d'écoutes devient un critère déterminant, comme en témoigne la perte de vitesse des autres supports relevée par l'Association de branche des labels de musique en Suisse. Cependant, pas facile de sortir du lot quand plus de 100'000 nouveaux morceaux sont ajoutés quotidiennement.
"Le Facebook des musiciens"
Avec la baisse des clips, les plateformes sont essentielles dans la popularité d'un band. Jay explique qu''en réalité, le streaming - Spotify et toutes ces plateformes-là - c'est devenu une espèce de réseau social tout simplement. C'est aussi pour ça que les artistes ont tendance à aménager leurs pages Spotify de mieux en mieux." Il cite notamment l'utilisation de Canva, un outil de design, pour customiser son profil qui doit être sans cesse actualisé. "C'est vraiment devenu une sorte de Facebook pour musiciens" conclut-il.
Sako, l'autre voix de Femme Fatale, met l'accent sur la nécessité de s'adapter aux tendances de consommation actuelles. Plutôt que de consacrer de longs mois à un projet d'envergure, il préconise de se concentrer sur des EP de quatre titres. " Comme ça, on essaie d'en sortir un tous les six mois et ça nous permet d'être présents beaucoup plus régulièrement" ajoute le parolier et interprète.
Femme Fatale et Lorage ont respectivement sorti un EP et un single fin février, disponibles sur toutes les plateformes de streaming.
