15 millions pour le retour de la fibre optique

Le Conseil d’Etat soutient une motion pour que les Fribourgeois puissent bénéficier d’un bon débit internet.

La moitié du territoire du canton de Fribourg est aujourd'hui raccordé en fibre optique. © KEYSTONE

Mettre fin au fossé numérique entre villes et campagnes, c'était la volonté, en 2012, du canton de Fribourg. A l'époque, il se lançait dans un projet ambitieux de financement cantonal visant à implanter la fibre optique sur tout le territoire.

Abandonné en 2019, ce dossier est de retour sur la table. Les députés du Grand Conseil fribourgeois doivent annoncer jeudi matin s'ils souhaitent ou non redonner les moyens d'intervenir dans les zones où les opérateurs de télécommunication ne vont pas développer des installations de fibre optique, pour des raisons économiques.

En 2012, l’Etat de Fribourg participait, avec différents acteurs, à la création de la société FTTH - fiber to the home, littéralement "la fibre optique jusqu’au domicile". Cette société constituée de Groupe E, Gruyère Energie, IB-Murten et l’Etat de Fribourg avait pour objectif de connecter à la fibre optique non seulement les villes, mais également les villages de tout le canton.

Départ de Swisscom

Naît alors un partenariat avec Swisscom qui aurait dû permettre de raccorder à la fibre optique plus de 90% des logements fribourgeois et 100% des entreprises d’ici à 2027. L'Etat de Fribourg avait décidé d'accorder au projet une contribution de 40 millions de francs. Ce montant se déclinait en une participation de 5 millions au capital-actions et un prêt sans intérêts de 35 millions, dont 20 millions ont été versés à ce jour. 15 millions de francs n'ont donc pas encore été versés.

Plusieurs éléments ont interrompu le projet. En 2016, Swisscom décide de quitter le navire et se retire du partenariat qui le liait à la société FTTH Fr SA. Les progrès technologiques permettant d’augmenter le débit sur les lignes déjà existantes de Swisscom ont conduit le fournisseur à renoncer à sa participation. 

Deux ans plus tard, en 2019, c'est au tour du canton de Fribourg de renoncer au financement de la société qui implante la fibre optique. Une décision motivée par le fait que plusieurs opérateurs multimédias étaient alors à même d'équiper le canton. De plus, face au développement de technologies alternatives dans les télécommunications sans fil, comme la 5G, le canton estimait, en 2019, que la fibre optique ne représentait plus forcément la panacée.

"En 2019, on pensait que la 5G allait révolutionner l'industrie des télécoms. Finalement, installer des antennes reste compliqué et les gens sont réfractaires aux perturbations électromagnétiques. La fibre optique permet de diminuer le nombre d'antennes, car toutes les personnes raccordées à la maison vont moins utiliser un réseau mobile", justifie Frédéric Mauron, directeur de la société FTTH.

Déserts numériques

Pour autant, l'entreprise n'a pas cessé ses activités ces dernières années. La moitié du territoire cantonal est raccordé à la fibre optique, ce qui représente 72'000 logements et loyers commerciaux. "Depuis le départ de Swisscom, on n'est plus dans une logique de raccordement total du territoire d'ici à 2027. On priorise là où il y a vraiment besoin", explique encore Frédéric Mauron.

Toutefois, même si la fracture numérique entre les villes et les villages du canton s'est réduite, il existe encore des formes de déserts numériques dans le canton de Fribourg.

Aujourd'hui, une motion demande au gouvernement fribourgeois de se doter d’une nouvelle loi sur le développement des infrastructures numériques. Le soutien à la fibre optique pourrait donc renaître sous une nouvelle forme avec la volonté que toutes les communes du canton puissent disposer d’un débit d’au moins 100 mégabits/seconde. Certains députés demandent, dans un premier temps, de libérer les 15 millions de francs restants promis à la base du projet.

"Ces 15 millions nous donneraient un coup de pouce pour permettre des raccordements là où aucun opérateur n'investirait car cela n'est pas rentable en raison d'un manque de densité", conclut Frédéric Mauron.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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