À Cheyres, la tonte d’hiver remet la laine suisse en valeur
À Cheyres, la saison de la tonte met en lumière le circuit local de la laine suisse, une filière fragile mais essentielle pour l’éleveur Sébastien Bise.
À la ferme de Sébastien Bise, à Cheyres, l’hiver marque la saison de la tonte. De novembre à fin janvier, son équipe et lui s’affairent autour de près de 1’500 moutons.
La tonte concentre plusieurs semaines de travail : 4 à 5 week-ends complets, avec plusieurs personnes mobilisées pour attraper les animaux et les amener au tondeur. "Les moutons se laissent faire quand on a la technique. L’expérience aide beaucoup", sourit Sébastien Bise, qui tond depuis 25 ans.
De la passion à la valorisation locale
Si la viande reste son activité principale, l’éleveur attache une importance particulière à la laine. "On promouvoit notre laine, qui est suisse, et c’est une fierté pour nous."
Pendant des années, cette laine partait chez un client de Suisse alémanique, destinée ensuite au marché allemand. Jusqu’à l’année dernière : "Il a cessé de reprendre. J’ai alors choisi de valoriser ma laine directement depuis la ferme."
Un circuit suisse, réduit au minimum
Depuis ce changement, la filière est devenue très courte. La laine est tondue à Cheyres, puis envoyée en Suisse alémanique pour être lavée, tissée et transformée en articles de literie. " Ils ne l’achètent pas : ils travaillent à façon et me rendent les produits finis. "
Ce circuit très court vise ainsi exclusivement le marché suisse.
Une économie fragile
Sur le plan économique, la laine n’est pas une source de revenus significative.
"On touche environ un franc par kilo, et le coût d’exploitation tourne autour de 5 à 6 francs par animal."
Cette faible rentabilité explique pourquoi il existe si peu de producteurs qui valorisent la laine en Suisse. "La plupart l’envoient à l’étranger, où les coûts pour laver et tisser sont bien plus bas."
Trouver un partenaire suisse a d’ailleurs été long. "Ça nous a pris des années. Un collègue nous a finalement mis en contact avec une entreprise qui partage nos valeurs."
Un intérêt qui grandit
Malgré tout, Sébastien Bise observe une hausse de la demande. Les clients se tournent vers des matériaux naturels, et la laine suisse possède plusieurs atouts : elle régule la température, absorbe l’humidité, évite la transpiration dans la literie et reste confortable aussi bien en été qu’en hiver.
Et pour Sébastien Bise, l’enjeu dépasse les considérations économiques : il s’agit aisni surtout de faire vivre une filière locale.




