Anorexie mentale: le témoignage de Capucine

En Suisse, 317'000 personnes vivent avec un trouble du comportement alimentaire (TCA). Capucine souffre d'anorexie mentale. Elle raconte.

Capucine vit avec un trouble de l'anorexie depuis l'adolescence. Désormais sur le chemin de la guérison, elle témoigne notamment de sa mauvaise expérience dans les institutions de santé. © Frapp

Il est souvent difficile de comprendre la réalité d'une personne vivant avec un trouble de la santé mentale. En 2022, 8% de la population suisse a reçu un traitement pour des troubles psychiques, d'après l'Office fédéral de la statistique (OFS). Mais quelle est la vie d'une personne souffrant d'un trouble ? Quel est l'impact au quotidien? Souvent mal connues de la population, ces maladies sont source d'interrogations, voire de préjugés.

Dans cette série, nous avons décidé de donner la parole aux personnes concernées. Nous avons rencontré trois femmes vivant au quotidien avec un trouble de la santé mentale. Le premier épisode est consacré à Capucine Brodard. La Fribourgeoise de 21 ans souffre d'anorexie mentale. Son histoire est à découvrir dans notre vidéo.

Des institutions débordées

À Fribourg, comme dans d'autres cantons, la situation de la santé mentale s'est détériorée, notamment depuis le Covid. Au Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM), de plus en plus de patients sont pris en charge. Ils étaient 10'565 en 2024, contre 9'691 en 2018. "Il devient difficile de répondre à toutes les sollicitations. Les délais de prise en charge s'allongent", explique la docteure Isabelle Gothuey, médecin directrice du secteur de psychiatrie et psychothérapie pour adultes au RFSM. "L'accès aux urgences psychiatriques reste cependant garanti", ajoute-t-elle.

Capucine a dû faire appel au service des urgences. Mais elle dit y avoir vécu "l'enfer". Elle évoque notamment un manque de connaissances de la part du personnel soignant à propos de l'anorexie. "Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont très spécifiques. Leur traitement est précis. Or, le but des urgences est d'accueillir rapidement, puis d'orienter le patient vers le service adapté. Les soignants ne sont donc pas formés pour faire face à toutes les spécificités", répond la directrice.

Un centre pour les TCA à Fribourg ?

Mais alors, pourquoi ne pas créer un centre dédié aux TCA dans le canton? Impossible, explique Isabelle Gothuey. "Les patients souffrant d'un TCA sont pris en charge à l'hôpital de Saint-Loup, à Pompaples (VD). Il existe une convention entre les cantons de Vaud et de Fribourg qui interdit au canton de Fribourg de construire un centre similaire. Il faudrait sortir de la convention pour le faire. Dès lors, chaque patient doit être transféré à Saint-Loup, même si l'attente est de plusieurs mois." Une situation que déplore la docteure. Aucune initiative cantonale n'est cependant envisagée.

Frapp - Théo Charrière
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