Accident de ski à Rougemont: acquittement

La justice vaudoise a acquitté mardi à Vevey trois employés du domaine skiable de Rougemont (VD), théâtre d'un accident de ski mortel en 2020. Le tribunal n'a pas retenu l'homicide par négligence. Un garçon de 13 ans avait perdu la vie.

L'accident de ski mortel avait eu lieu en février 2020 sur le domaine skiable vaudois de la Videmanette à Rougemont (archives). © Keystone/GSTAAD SAANENLAND

Les juges du Tribunal correctionnel de l'arrondissement de l'Est vaudois n'ont donc absolument pas suivi le réquisitoire du Ministère public. La veille et après une inspection des lieux, le procureur avait requis entre 60 et 90 jours-amende avec sursis à l'encontre des trois responsables de la sécurité des Remontées mécaniques de Gstaad, soulignant que seule la faute était jugée et non ses conséquences. La défense avait, elle, plaidé l'acquittement.

"Il n'y a eu aucune violation des règles de prudence, du devoir de diligence" des trois prévenus, a conclu la présidente du tribunal. Selon les trois juges, l'équipe de sécurité des pistes n'a pas failli dans le balisage et la signalisation d'un passage dangereux. Le tribunal a, en revanche, affirmé que la vitesse et un manque de prudence du jeune skieur était à prendre en compte.

Poteau métallique

Le dimanche 9 février 2020, le skieur âgé de 13 ans, domicilié dans le canton de Fribourg, était décédé des suites de ses blessures après avoir percuté un poteau métallique placé hors de la piste bleue balisée sur le domaine skiable de la Videmanette, à la hauteur du vallon du Creux-de-Ruble. D'environ 12 cm de diamètre et d'environ 2,7 m de long, ce piquet fixé sur un socle de béton servait à guider le câble destiné à tracter les dameuses de la piste.

Installé en 2017 et situé à environ 5 m à l'extérieur droit de la piste, derrière une bosse, ce poteau était "mal protégé et mal signalé", avait reproché le procureur. Le tribunal a balayé cette accusation, en passant au peigne fin les directives pour l'aménagement, l'exploitation et l'entretien des infrastructures pour sports de neige de la Commission suisse pour la prévention des accidents sur les descentes pour sports de neige (SKUS).

Pas de danger atypique

Le piquet métallique se situait hors de la zone de 2 m contiguë à la piste balisée qui doit être obligatoirement sécurisée selon les normes SKUS, a fait remarquer le tribunal. Les juges ont même relevé que des mesures superfétatoires avaient été prises, alors que le poteau incriminé ne représentait en rien un "danger alpin atypique".

Une balise bleue manquante le jour de l'accident, signalant le bord de la piste balisée et qui avait été cassée par le câble de la dameuse, avait laissé un espace de 110 m environ sans marquage. Le procureur avait estimé que la piste n'aurait pas dû être ouverte tant que la balise n'était pas remplacée. Le tribunal a, au contraire, jugé que les balises bleues avant et après celle manquante étaient suffisantes pour bien délimiter la piste.

Le skieur a sans doute pu se rendre compte qu'il sortait de la piste, selon le tribunal. Rappelant aussi que deux moniteurs (du groupe de onze jeunes skiant ensemble ce jour-là), devant lui, étaient restés sur la piste à la hauteur du passage délicat.

Appel fort probable

Tant le Ministère public que l'avocat de la famille de l'enfant se réservent le droit de faire appel, ont-ils dit à Keystone-ATS. Ils attendent tous deux le dispositif complet du jugement.

"Nous sommes très déçus par cet acquittement sans griefs, qui sonne comme un blanc-seing total. C'est choquant par rapport au respect des normes et des mesures de sécurité", a réagi Pierre Mauron, l'avocat de la partie plaignante.

Du côté des prévenus, l'un des trois avocats a parlé de "soulagement" pour son client. "Mais toute sa vie, il devra porter le poids d'un enfant mort sur le domaine skiable".

ATS
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