Agriculture: le modèle familial comme bouée de sauvetage?
Les agriculteurs dénoncent leurs conditions de travail et leurs faibles revenus. Ils appellent à un retour au modèle d'exploitation familiale.
Vendredi dernier, les agriculteurs suisses ont exprimé leur colère lors d'une conférence de presse à Kirchberg, dans le canton de Berne. Ils dénoncent des conditions de travail difficiles, des revenus insuffisants et une pression constante sur leurs exploitations.
Selon un rapport récent de l'Institut de recherche Agroscope, un agriculteur suisse travaille en moyenne entre 60 et 66 heures par semaine pour un salaire inférieur à 5'000 francs par mois. "Le salaire horaire d'un agriculteur est de 17 francs par heure", déplore Damien Rey, président de la Commission des jeunes agriculteurs suisses.
Cette réalité économique préoccupante creuse l'écart entre les familles paysannes et le reste de la population. Les agriculteurs appellent donc à un retour au modèle traditionnel d'exploitation familiale, qui garantissait autrefois des revenus décents. "La vision qu'on avait développée, c'est de dire qu'une exploitation agricole doit permettre de faire vivre deux personnes à 100%. Vivre dans des conditions de vie suisse, avec un salaire correct", défend l'agriculteur fribourgeois.
Appel à la responsabilité collective
Pour Damien Rey, la solution ne peut venir que d'une action concertée de tous les acteurs de la chaîne de production. "Les prix sur les marchés ont un impact important", explique-t-il, "de 4 à 5 francs" sur le salaire horaire. L'Union suisse des paysans appelle les acheteurs, la politique et le Conseil fédéral à prendre leurs responsabilités pour permettre aux agriculteurs de bénéficier d'un salaire décent, notamment en faisant en sorte que les recettes générées par les produits des agriculteurs couvrent les frais de production.
Damien Rey dénonce la guerre des détaillants pour des prix bas permanents. "En tant que consommateur, on peut se réjouir, mais en tant que producteur, c'est compliqué, parce qu'on sait qu'à la fin, cette pression retombe sur nous, qui sommes tout en bas de l'échelon", regrette le Fribourgeois.
Cette crise soulève également des questions sur nos priorités en tant que consommateurs, insiste l'agriculteur. "Quand on voit aussi que la nourriture représente entre 7 et 8% du budget d'un ménage, on a aussi, à mon avis, une marge de manœuvre."