"On sent le ras-le-bol dans les fermes"

Meilleurs prix aux producteurs et stabilisation de la politique agricole: les paysans protestent pour faire entendre leurs revendications.

Chaque année, les agriculteurs font face à de nouvelles restrictions, qui complexifie toujours plus leur travail. © La Télé

Depuis dimanche, de nombreux agriculteurs retournent des panneaux de localités fribourgeoises en signe de protestation. Cette action pacifique leur permet d'exprimer leur mécontentement face au manque de reconnaissance de leur métier.

"Tout se dégrade au niveau des prix, des normes pour le bétail, au niveau des soins qu'on ne peut plus faire", critique l'agriculteur Bruno Trachsel. Il est à la tête d'une exploitation de 400 vaches laitières à Saint-Aubin. "Tout augmente: les prix et la charge de travail. Ça devient difficile."

Comme de nombreux paysans fribourgeois et du pays, il doit sans cesse chercher des économies. Il y a 10 ans, ils étaient 5 à travailler sur l'exploitation, désormais Bruno Trachsel ne peut plus que se permettre 2 employés, s'il veut les payer décemment. Chaque année, les agriculteurs font face à de nouvelles restrictions, qui complexifient toujours plus leur travail.

De nombreuses revendications

"Ça fait un moment que l'on sent le ras-le-bol dans les fermes, lié à l'inflation et à la baisse des revenus", constate Robin Philipona, le président des jeunes agriculteurs fribourgeois. Pour le jeune paysan, ce qui se passe en Europe donne de l'élan aux revendications en Suisse.

Les chambres d'agriculture du canton de Fribourg se sont rassemblées ce lundi matin pour faire un point de situation et réunir les demandes des agriculteurs. Le but est d'ouvrir la discussion sur plusieurs points, indique Robin Philipona. "Le premier point, c'est le maintien du budget agricole pour la période 2026-2029. On a aussi parlé du prix aux producteurs qui est actuellement trop bas : on aimerait une façon différente de le calculer. On souhaite finalement une stabilité de la politique. On nous impose de nouvelles mesures chaque année, ce qui ne nous laisse pas le temps de nous adapter et pose des problèmes de planification financière."

Voir l'interview complète de Robin Philipona:

L'Union fribourgeoise des paysans soutient la protestation, tant qu'elle reste légale et pacifique. Pour elle, il faut augmenter d'au moins 5 à 10% les prix aux producteurs cette année afin de rémunérer correctement les agriculteurs.

Une protestation modérée

Contrairement aux mouvements dans d'autres pays, comme en France où les agriculteurs bloquent Paris, il n'y a pour le moment pas d'action choc prévue en Suisse. Pourtant, sur les réseaux sociaux, certains agriculteurs voudraient aller plus loin pour se faire entendre.

"Le but est de communiquer avec la population à travers des médias, des réseaux sociaux et éventuellement aussi des affiches au bord des routes pour sensibiliser", modère Robin Philipona. "On aimerait avoir une discussion d'abord. En agissant de cette manière, on espère ouvrir le dialogue et obtenir les revendications que l'on souhaite."

La Télé / Frapp - Cloé Pichonnat / Vincent Dousse / Alexia Nichele
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