Les réfugiés à l'aide sociale sont nombreux à être employés

Le nombre de bénéficiaires de l'aide sociale dans les villes a baissé en 2022, selon une étude publiée mardi par l'Initiative des villes pour la politique sociale. Les réfugiés dépendant de cette aide sont plus nombreux à avoir un emploi que le reste des bénéficiaires.

Parmi les réfugiés bénéficiant de l'aide sociale en Suisse, 36% travaillent. Ils entrent de ce fait dans la catégorie des "travailleurs pauvres" (working poor) (Archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Quelque 36% des réfugiés adultes inscrits à l'aide sociale travaillent, contre 23% pour l'ensemble des bénéficiaires, selon l'étude de la Haute école spécialisée bernoise réalisée auprès de 14 villes suisses, dont les plus grandes telles que Zurich, Bâle, Lausanne, Berne et Winterthour. Genève n'en fait pas partie.

Ces réfugiés dont le salaire ne parvient pas à couvrir le minimum vital appartiennent à la catégorie des "travailleurs pauvres" (working poor). Avec 60% des réfugiés à l'aide sociale ne disposant d'aucune formation professionnelle reconnue, la reconnaissance des diplômes et l'accès à la formation figurent parmi les outils clé de lutte contre la précarisation de cette partie de la population, note le rapport.

Les cours de langues et les stages professionnels font également partie des mesures d'intégration que les villes doivent déployer rapidement après l'arrivée du réfugié, souligne Nicolas Galladé, président de l'Initiative des villes pour la politique sociale et également conseiller municipal socialiste de Winterthour (ZH).

"Inégalité de traitement" à corriger

M. Galladé appelle en outre la Confédération à corriger l'inégalité de traitement actuellement observée entre les différentes catégories de réfugiés au bénéfice d'un titre de séjour. Selon lui, il n'est pas "défendable" que les réfugiés sous permis F ou S - admission provisoire ou personne à protéger - soient soumis aux mêmes efforts d'intégration que les réfugiés reconnus (permis B), mais que le soutien financier accordé aux premiers pour assurer le minimum vital soit nettement inférieur à celui des seconds.

Toutes les grandes villes de Suisse accueillent proportionnellement à la population davantage de réfugiés que les cantons. Elles sont donc les actrices principales d'une intégration réussie des réfugiés, souligne l'étude. De plus, les auteurs notent que l'aide sociale comporte de plus en plus une composante d'intégration pour les personnes issues de l'asile.

Moins de personnes à l'aide sociale

De manière plus générale, l'étude annuelle révèle que le taux d'aide sociale est stable ou en baisse dans dix des 14 villes étudiées, parfois sur plusieurs années. La baisse globale du nombre de personnes soutenues est de 2,4% par rapport à 2021. Cela s'explique notamment par la situation favorable sur le marché du travail ainsi que la relève par d'autres prestations sociales visant à garantir le minimum vital, expliquent les auteurs.

Le taux d'aide sociale varie fortement entre les municipalités analysées. Bienne est loin devant avec 9,9% de sa population permanente qui touche au moins une prestation financière relevant de l'aide sociale, suivie par Lausanne (6,8%), Bâle (5,3%) et Berne (4,9%). Le taux d'aide sociale est de 4,1% à Zurich. Zoug enregistre la valeur la plus basse avec 1,5%.

Selon les auteurs de l'étude, ces écarts importants s'expliquent par des facteurs structurels: par exemple, les villes disposant de logements à loyer modéré ou hébergeant de nombreuses familles monoparentales ont généralement un taux d'aide sociale plus élevé. Ces chiffres doivent cependant être considérés avec prudence car les prestations cantonales ou complémentaires n'entrent pas dans le décompte.

Les 14 villes comparées accueillent un quart des bénéficiaires de l’aide sociale enregistrés en Suisse. L'Initiative des villes pour la politique sociale représente les intérêts socio-politiques de quelque 60 villes helvétiques.

ATS
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