Alain Berset: "Je n'ai pas avalé de couleuvres"

Le Fribourgeois se confie sur ses débuts en politique, la réforme vivement discutée de l'AVS et la période du Covid.

Alain Berset, 51 ans, ne se représentera pas pour un nouveau mandat au Conseil fédéral. © KEYSTONE

Pour le futur ex-conseiller fédéral Alain Berset, son départ au 31 décembre 2023 correspond à ce qu'il avait annoncé le jour de son élection. S'il ne se dit pas "fatigué" de la politique, il concède vouloir faire autre chose après 12 ans au Conseil fédéral, 29 votations et le sentiment d'avoir tout donné.

Le Fribourgeois a connu une carrière fulgurante. Il a fait son entrée au Conseil des Etats à 31 ans, seulement. "J'ai dû apprendre à nouer une cravate, à me taire, à faire attention à mes propos", se souvient-il. A 36 ans il préside la Chambre haute. Puis est élu au Conseil fédéral trois ans plus tard.

"C'était une continuation du parcours, mais dans un cadre différent. On est 7 avec des parcours, des langues, des origines différents. Pendant longtemps, j'étais le seul avec des enfants en âge de scolarité. Tout ceci donne une vision du monde un peu différente. Ce qui est important, c'est la flexibilité, savoir faire des compromis." Il confie ne pas avoir souffert des affronts à son encontre. "Je n'ai pas avalé de couleuvres, je dois dire. Quand vous avez les meilleurs arguments, vous avez les meilleures chances de progresser. Si les critiques de mes propositions permettaient de présenter un meilleur projet, alors j'étais content."

Réformer l'AVS, son succès

Le mandat politique du Belfagien a été marqué par la réforme de l'AVS. La proposition a été acceptée par le peuple l''an dernier. "C'est quand même nécessaire d'adapter l'AVS à la réalité, au moins une fois par génération. Il y a bien sûr la question de l'âge de la retraite qui a été vivement discutée, à juste titre. Maintenant, on a un financement stable pour le premier pilier."

Les attaques à son égard durant la pandémie n'ont pas participé à sa décision de quitter le gouvernement, affirme-t-il. "La période a été très violente et très brutale. Pour moi également. Nous avons traversé la pire crise depuis la deuxième guerre mondiale."

Malgré les affaires, Alain Berset est resté populaire, mais décrié, menacé. Comment faire la synthèse? "On revient aux fondamentaux: les institutions et le service rendu au pays. Et ça exige de tout donner, de sacrifier sur le plan privé. Quand on a ce compas, on arrive à mettre les éléments désagréables de côté."

A 51 ans, le socialiste est encore jeune en politique. Il n'a pas communiqué sur ce qu'il prévoit de faire ensuite. "Il y a le rachat de Credit Suisse, les élections fédérales en automne...je suis engagé au maximum dans mon travail, je n'ai pas pris le temps de réfléchir à ce que je vais faire. Mon plan est de finir cette législature avec le plus d'engagement possible."

La course à la succession désormais lancée, Vert'libéraux et Verts ont déjà annoncé leur intention de présenter des candidats pour l'élection au Conseil fédéral, les Verts ne visant pas spécifiquement le siège socialiste. Le gouvernement actuel est-il le dernier à comprendre deux socialistes? Non, tranche Alain Berset.


Propos recueillis par notre correspondant à Berne, Serge Jubin

RadioFr. - Rédaction
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