Après le choc, l'heure est aux questions

La fermeture brutale de la société Les Zoubilous laisse quelque 200 enfants sur le carreau. Parents et personnel sont choqués. Témoignages.

La société Les Zoubilous exploite trois structures, dont la crèche d'Enney. © RadioFr.

C'est la gueule de bois en Gruyère après la fermeture brutale des Zoubilous. La crèche d'Enney, l'accueil extrascolaire et la maternelle de Bulle sont restés portes closes mercredi matin, laissant plus de 200 enfants sur le carreau et leurs parents dans la panade.

La société qui gère ces structures a annoncé sa décision mardi après-midi.
Surendettée, elle pourrait être déclarée en faillite dans ces prochains jours et faisait part la semaine dernière de ses problèmes financiers aux autorités.

Le Service cantonal de l'enfance et de la jeunesse lui donnait jusqu'au 7 juillet l'autorisation d'exploiter la crèche d'Enney ainsi que la maternelle et l'accueil extrascolaire de Bulle. Mais pour éviter tout problème de sécurité aux enfants, la société Les Zoubilous a décidé de fermer toutes ses structures dès ce mercredi.

C'était assez choquant et très impersonnel de recevoir un mail, sans possibilité de discuter

Les réactions recueillies depuis l'annonce sont unanimes: entre choc, surprise et incrédulité, personne ne s'attendait à ce couperet. Comme Maude qui confiait sa fillette de 7 mois et demi tous les lundis à la crèche d'Enney. Cette habitante de Lessoc a reçu un e-mail l'informant de la fermeture mardi aux alentours de 15h.

"C'était assez choquant et très impersonnel de recevoir un mail, sans possibilité de discuter. Je ne suis pas fâchée, mais un peu déçue qu'il n'y ait pas eu de possibilité de trouver une solution provisoire", explique Maude qui a appelé les grands-parents à la rescousse pour garder sa petite fille lundi prochain. Pour la suite, elle va improviser de semaine en semaine jusqu'à trouver une solution pérenne.

Salariés aussi choqués

Si les parents ont été estomaqués par cette fermeture brutale, les 29 salariés des Zoubilous aussi. Ils ont appris la fin de leurs activités mardi vers 14h, soit environ une heure avant les parents.

Les enfants étaient là, donc il a bien fallu qu'on s'occupe d'eux. Très honnêtement, mes collègues ont beaucoup pleuré

Karin, membre de l'équipe éducative de la crèche d'Enney, était alors à son travail en train de s'occuper des enfants. "Les enfants étaient là, donc il a bien fallu qu'on s'occupe d'eux. Très honnêtement, mes collègues ont beaucoup pleuré. Moi, j'ai pris sur moi, mais le soir je me suis effondrée", confie-t-elle.

De son côté, Option Gruyère, qui coordonne les institutions extra-familiales du district, s'active dans un premier temps pour trouver des solutions d'urgences pour les familles. L'association espère d'ici quelques mois pouvoir trouver un repreneur des lieux et du personnel afin de proposer une solution de prise en charge pérenne des enfants.

Comment expliquer cette situation financière?

"Avec une gestion correcte, normalement, une crèche ne devrait pas faire faillite, affirme Marie-France Roth Pasquier, conseillère communale de Bulle et présidente d'Option Gruyère. Il y a des subventions cantonales, communales, un cadre bien précis pour les crèches."

Mais dans le cas des Zoubilous, la société gérait aussi une maternelle et un accueil extra-familial de jour. "Elle payait un certain nombre de locations, touchait des subventions pour une partie des enfants mais pas pour tous. Il semblerait que ce soit un problème de gestion financière, apparemment depuis plusieurs années, mais nous n'étions pas au courant."

Par ailleurs, le Service de l'enfance et de la jeunesse a découvert l'existence d'une crèche non autorisée dans les locaux bullois des Zoubilous où étaient accueillis 25 enfants. Un accueil qui est également fermé depuis mardi soir.

Voir aussi le reportage de La Télé:

RadioFr. - Delphine Bulliard / Adaptation web: Sophie Corpataux
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