"J'ai toujours eu un lien très étroit avec la mort"

A 23 ans, Maxime Künzli exerce le métier d'agent funéraire depuis quatre ans. Rencontre avec le Fribourgeois.

"Quand je parle de mon métier, la plupart des gens ne me croient pas. Mais une fois que je leur explique en quoi il consiste, ils sont toujours très ouverts." © Frapp

C'est installé à un grand bureau en bois où il rencontre en général les familles endeuillées que le jeune homme nous accueille. Vêtu d'un costume trois-pièces, tiré à quatre épingles, on aurait tendance à oublier son jeune âge et pourtant, Maxime Künzli exerce ce métier depuis ses 19 ans. En tant qu'agent funéraire, il prend en charge des familles en deuil, crée des contrats de prévoyance et effectue des mises en bière. "Quand je prépare un défunt, c'est un moment de calme, de réflexion. Je ne connais pas son histoire, je ne porte aucun jugement sur cette personne."

Après une formation d'assistant socio-éducatif dans un EMS, il se dirige instinctivement vers le milieu funéraire. "Dans le cadre de mon apprentissage, j'ai souvent été confronté à des départs, à des familles en deuil. Le fait d'accompagner ces familles, que je connaissais, m'a fait réaliser que c'était ce côté social qui me plaisait, je me suis senti vraiment utile. J'ai compris que je voulais faire ça tous les jours", explique-t-il. "La mort a toujours fait partie de ma vie, que ce soit plus petit avec mon grand-papa quand on allait voir ses amis dans des chapelles mortuaires ou dans mon apprentissage. C'est un sujet que j'aborde avec beaucoup d'apaisement."

Après avoir poussé la porte de l'entreprise fribourgeoise Murith SA, le jeune homme a dû se former sur le tas. "Quand on commence dans ce métier, le seul support d'apprentissage est l'expérience des anciens. J'ai appris de leur savoir-faire et surtout de leur savoir-vivre et au fur et à mesure des situations, j'ai pu devenir le plus professionnel et autonome possible."

Il existe depuis peu un certificat ainsi que le brevet fédéral d'entrepreneur en pompes funèbres délivré par l'Association suisse des services funéraires, celui-ci demande 2 ans de formation. "Je m'y suis inscrit pour pouvoir peaufiner mes connaissances, apprendre d'autres corps de métier comme les médecins légistes, les ambulanciers ou encore les pathologues qui ont tous un lien avec la mort."

Son premier décès en tant qu'employé de pompes funèbres, Maxime Künzli s'en souvient parfaitement. "C'était lors de la première semaine, une levée de corps. Ce sont des moments qui marquent la mémoire pour toujours. Heureusement, j'ai réussi à en parler avec mes collègues pour apaiser ces images. Depuis, je me dis que ce sont des choses qui font partie de la vie."

Un métier qui a de l'avenir

Quand on lui pose la question de la relève, le Fribourgeois se sent très confiant. "Il est sûr que, familièrement dit, c'est une profession où il ne manquera jamais de travail! Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il y a de plus en plus de jeunes qui s'intéressent au milieu. On peut le voir par exemple avec les différentes demandes de stages qui se multiplient. Il est cependant difficile de savoir si c'est de la curiosité ou un réel intérêt, mais une chose est sûre, ce métier trouvera toujours des bonnes personnes pour l'exercer."

Des clichés sur le métier?

Les clichés sur les croque-morts sont bien connus des agents des pompes funèbres. Difficile d'y échapper tant ce métier est méconnu du grand public, Maxime Künzli s'en amuse. "On me dit souvent que je dois bien gagner ma vie à la vue de mes costards toujours impeccables ou encore que je croque les orteils des morts pour m'assurer qu'ils soient morts. Bien que cela se fasse peut-être à l'époque, d'où le surnom donné à la profession, je rassure les gens, nous ne le faisons plus!"

Frapp - Laura Kolly
...