Baisse de budget, le Conseil fédéral vise le monde agraire

La Confédération souhaite faire des économies dans les prochaines années. Pour 2024, une baisse de 2% des fonds de l'agriculture est prévue.

Une baisse de budget qui ne ravit pas le monde agricole. Ils défendront leurs intérêts à la prochaine session parlementaire en décembre. © La Télé

Un coup de massue pour le monde agricole suisse qui apprend que le Conseil fédéral souhaite faire des économies en coupant dans le budget. La Confédération prévoit une baisse de 2% des fonds en 2024 et 347 millions de francs en moins entre 2026 et 2029. 

Une annonce qui a fait réagir les faîtières agricoles. Entretien avec le vice-directeur de l'Union suisse des paysans, Francis Egger. 

Comment peut-on expliquer cette coupe dans le budget de la part de la Confédération?

On ne comprend pas cette décision, car les dépenses dans le secteur agraire sont stables depuis une vingtaine d'années, elles s'élèvent à 3,5 milliards par année environ. À mon avis, on fait face à une double peine: une correction du budget 2024 et une modification du futur crédit cadre entre 2026 et 2029. 

Alors pour le budget de 2024, il y a aussi d'autres domaines touchés, notamment, la culture, le transport régional et la promotion économique. Est-ce-que vous ne vous dites pas que chacun prend sa part? 

Oui, plusieurs secteurs en prennent pour leur grade, mais le domaine agricole subit une large réduction. Les autres secteurs se plaignent, plutôt, du fait que l'augmentation du budget n'est pas suffisante. Mais, de notre côté, ce sont 70 millions de francs en moins pour le budget 2024, alors que nous sommes en pleine réforme de la politique agricole. 

Quelles sont les conséquences pour les agriculteurs du canton de Fribourg?

D'une part, les agriculteurs subiront une perte de revenu à cause de la diminution des paiements directs qui contribuent aux financements des exploitations. De l'autre part, la Confédération limite une mutation en cours. Je rappelle que deux initiatives avaient été lancées au sujet des pesticides, témoignant d'une volonté de changement dans les pratiques agricoles.

De plus, les "travailleurs de la terre" sont encouragés à transiter vers des cultures durables. De ce fait, ils se retrouvent poussés à l'acte sans aucune contribution financière, cela ne fait pas de sens. 

Nous sommes encore une fois confrontés à une injustice qu'on exposera à la session parlementaire de décembre prochain. 

Nous rappelons que les paiements directs sont une part importante dans le budget des agriculteurs, soit une somme versée par la Confédération en échange d'actions réalisées par les producteurs sur l'exploitation, notamment, les efforts fournis au niveau de l'écologie. Pensez-vous que le monde agraire s'inquiète de cette diminution soudaine des subventions?

Oui, les agriculteurs sont très préoccupés. Si on observe le revenu moyen s'élevant à 17.-/heure et qu'on leur enlève cet apport financier, c'est selon moi inacceptable. Ils font l'effort de générer 10 milliards de francs sur le marché en vendant, par exemple, leur production de lait et des céréales.

Sans compter les 2,8 milliards de francs sortant de leur poche pour financer les prestations d'intérêt général, telles que l'entretien du paysage et la préservation de l'environnement. Tous ces sacrifices méritent une augmentation de salaire. 

Est-ce-que l'on risque d'être moins compétitif au niveau du marché mondial? 

Cette diminution budgétaire freinerait l'élan que nous avons pris. Il faut que l'on reste dans une "tendance européenne", autrement dit, que nous nous concentrons sur une économie durable et sur le développement de la digitalisation de l'agriculture. 

Êtes-vous inquiet pour l'agriculture de demain? 

Ce manque de soutien financier inquiète le secteur qui travaille tous les jours pour assurer la relève et motiver les jeunes, même si pour le moment les centres de formation sont pleins. 

La Télé / Frapp - François-Pierre Noël / Adaptation Web: Yann Girard
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