Bientôt le retour de la Formule 1 en Suisse?

Le Conseil des Etats se saisit ce mardi à Berne de cette question qui a été plusieurs fois balayée.

Les courses automobiles avec public sont interdites depuis 1955 en Suisse. © KEYSTONE

Verra-t-on bientôt Lewis Hamilton ou Max Verstappen lors d'un Grand Prix en Suisse? Alors que le sport connaît un engouement sans précédent - notamment grâce à la série Netflix qui lui est consacrée -, la Formule 1 pourrait peut-être bientôt faire son retour sur territoire helvétique.

A Berne, le Conseil des Etats va dire ce mardi s'il souhaite lever l'interdiction des courses automobiles sur circuit, en vigueur depuis 1955, suite au terrible accident survenu aux 24 Heures du Mans, qui avait fait plus de 80 morts et une centaine de blessés. Avec Israël, la Suisse reste le seul pays au monde à encore interdire ce type de compétition.

Près de 70 ans après ce drame, cette abrogation ne se justifie plus, pour Philippe Maridor, membre du comité de l'automobile club suisse, section Fribourg. "Cette mesure est clairement dépassée par rapport aux progrès sécuritaires réalisés tant sur les circuits que sur les véhicules. Aujourd'hui, une tragédie comme celle du Mans en 1955 ne pourrait plus se reproduire."

"Ce serait vraiment une bonne chose que ça évolue enfin, surenchérit Karen Gaillard. La pilote automobile fribourgeoise de 20 ans estime que cette interdiction constitue un frein important pour les jeunes qui veulent se lancer dans ce sport. "On ne peut pas du tout s'entraîner ici. Si je veux rouler, je dois aller à l'étranger, ce qui engendre des frais supplémentaires alors que c'est un sport déjà contraignant financièrement."

Néanmoins, à l'heure de l'urgence climatique, est-ce bien cohérent de réintroduire des courses de F1 en Suisse? "En plus d'être un vecteur de passion, le sport automobile est aussi un laboratoire à ciel ouvert. C'est là qu'on développe des moteurs par propulsion hydrogène ou des modèles électriques. Grâce aux fonds amenés par les constructeurs, on travaille, par exemple, à améliorer la durée de vie des batteries", justifie Philippe Maridor.

Reste que même parmi les pilotes, il semble régner un malaise aujourd'hui. L'Allemand Sebastian Vettel, lui-même, concédait, dans une interview accordée récemment à la BBC, ne pas avoir la conscience tranquille d'un point de vue écologique. "Quand je suis dans la voiture, je n'y pense pas mais quand j'en sors, je m'interroge sur l'impact de ce sport: est-ce qu'il faut vraiment continuer à le faire?", se demandait-il notamment.

"Je suis toujours sensible à la question climatique dans mon quotidien. C'est vrai que rouler avec une voiture à essence, on est d'accord, ça pollue. Mais il ne faut pas oublier que grâce à la F1, on a des voitures qui polluent aujourd'hui moins qu'à l'époque", lance Karen Gaillard. Si le Conseil des Etats suit le National et accepte ce mardi de lever l'interdiction, des courses automobiles sur circuit avec public pourraient possiblement être organisées dès 2023.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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