Israël ordonne le siège complet de Gaza

Le Hamas a menacé lundi soir d'exécuter des otages israéliens en réaction aux frappes israéliennes qui se multiplient sur la bande de Gaza au 3e jour de l'offensive massive déclenchée par le mouvement islamiste palestinien, qui a provoqué la sidération dans le pays.

La guerre a déjà tué plus de 1100 personnes au total.
Des Israéliens évacuent un site frappé par une roquette tirée depuis la bande de Gaza, à Ashkelon, dans le sud d'Israël,
Des soldats de Tsahal se protègent d'une attaque de roquette près de Tserot
Des flammes et de la fumée s'élèvent à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza.
Des Israéliens évacuent un site frappé par une roquette tirée depuis la bande de Gaza, à Ashkelon, dans le sud d'Israël,
Des soldats de Tsahal se protègent d'une attaque de roquette près de Tserot
Des flammes et de la fumée s'élèvent à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza.
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Cette menace intervient après le "siège total" imposé lundi par Israël à la bande de Gaza contrôlée depuis 2007 par le Hamas et pilonnée par l'armée israélienne en réponse à l'attaque meurtrière sans précédent lancée samedi par le Hamas par voie de terre, air et mer, comparée par Israël aux attentats du 11 septembre 2001.

Lundi, l'armée israélienne a annoncé avoir repris le "contrôle" des localités du sud du pays prises pour cible. "Nous sommes déjà au coeur de la campagne mais ce n'est que le début", a déclaré M. Netanyahu à de hauts responsables locaux dans le sud d'Israël, là où des combattants du Hamas ont lancé leur attaque surprise.

"Ce que le Hamas va vivre sera difficile et terrible (...), nous allons les vaincre avec de la force, énormément de force", a promis M. Netanyahu.

Mais le Hamas a mis en garde Israël: "Chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement, cela entraînera l'exécution d'un des otages civils (...). L'ennemi ne comprend pas le langage humanitaire et éthique, donc nous allons leur parler un langage qu'ils comprennent", a-t-il souligné dans un communiqué. Plus d'une centaine d'Israéliens ont été enlevés par le Hamas, selon le gouvernement.

La guerre a fait près de 1500 morts au total, selon les bilans officiels de part et d'autre.

"Massacrés"

Selon l'armée, plus de 800 Israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive samedi. "A ma connaissance, depuis la Shoah, il n'y a jamais eu autant de juifs tués en un seul jour", a déclaré le président israélien, Isaac Herzog, dans une vidéo.

Samedi, 250 personnes, dont plusieurs étrangers, ont été massacrées dans une rave party organisée dans le désert israélien près de la bande Gaza, selon le porte-parole de l'ONG Zaka, Moti Bukjin, qui a participé à la collecte des corps.

Le ministère de la Santé israélien a également fait état de 2616 blessés. Côté palestinien, plus de 680 personnes ont été tuées et près de 3730 blessées, selon les autorités locales.

Des dizaines de milliers de soldats israéliens sont déployés autour de la bande de Gaza, mince territoire côtier peuplé de 2,3 millions de Palestiniens et contrôlé par le Hamas depuis 2007.

Dans la foulée de l'annonce du "siège" de Gaza, le ministre israélien de l'Energie, Israël Katz, a ordonné la "coupure immédiate" de l'approvisionnement en eau de cette enclave palestinienne à laquelle Israël fournit 10% de la consommation annuelle. Il ern est de même pour le gaz et l'électricité.

L'armée s'efforce aussi de sauver les Israéliens pris en otage par le Hamas, plus de 100 selon le gouvernement israélien, du jamais vu dans l'histoire du pays pris par surprise par cette offensive lancée samedi au dernier jour des fêtes juives de Souccot, "de loin le pire jour de l'histoire d'Israël", selon un porte-parole de l'armée.

"Ce qui s'est passé est sans précédent en Israël", a reconnu le premier ministre israélien. Et dans une allocution télévisée lundi soir, il a appelé "les dirigeants de l'opposition à former immédiatement un gouvernement d'union nationale d'urgence sans conditions préalables".

L'armée israélienne estime à un millier le nombre de combattants du Hamas ayant participé à "l'invasion d'Israël", a déclaré un porte-parole sur X (ex-Twitter).

L'armée a par ailleurs annoncé avoir tué "plusieurs suspects armés" qui s'étaient infiltrés en Israël à partir du Liban.

Le Hezbollah libanais, bête noire d'Israël, a affirmé lundi avoir bombardé deux casernes israéliennes, en réponse à la mort de trois de ses membres par des bombardements israéliens sur une zone frontalière au sud du Liban, sur fond de craintes d'escalade sur un autre front.

Lundi, les sirènes d'alerte à la roquette ont retenti à Jérusalem et dans le centre d'Israël, alors que les tirs de roquettes en provenance de Gaza se sont poursuivis surtout sur le sud d'Israël.

Etrangers tués

Nombre de ressortissants d'autres pays, certains ayant aussi la nationalité israélienne, ont été tués dans l'offensive du Hamas, notamment 12 Thaïlandais, 10 Népalais, au moins neuf Américains, deux Français et un Canadien, selon les autorités de ces pays.

Jonathan Panikoff, directeur de l'initiative Scowcroft pour la sécurité au Moyen-Orient, a estimé qu'"Israël a été pris de court par cette attaque sans précédent" et "beaucoup d'Israéliens ont du mal à comprendre comment cela a pu se produire".

Pour Yaakov Shoshani, 70 ans, un habitant de Sdérot, dans le sud d'Israël, "les systèmes ont tous échoué ici, qu'il s'agisse du renseignement, du renseignement militaire, civil, des systèmes de détection, de la barrière frontalière (avec Gaza), tout a échoué".

"C'est de loin le pire jour de l'histoire d'Israël. Jamais auparavant autant d'Israéliens n'avaient été tués en une seule fois", a déclaré un porte-parole de l'armée, selon lequel il pourrait s'agir "à la fois d'un 11 septembre et d'un Pearl Harbour".

Après avoir franchi la barrière frontalière qu'Israël considérait imprenable, des combattants du Hamas se sont engouffrés depuis la bande de Gaza dans des localités juives du sud du pays. Là, des hommes armés sont allés de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant pour les ramener à Gaza.

"Depuis la Shoah, nous n'avons pas été témoins de scènes de juifs, des femmes, des enfants et des grands parents pris sur des camions en captivité", a encore dit M. Herzog.

Etat palestinien, pour Moscou

Un ancien soldat israélien a déclaré que la guerre israélo-arabe de 1973, qui reste un traumatisme national en Israël, était "peu de chose" comparée au raid du Hamas de samedi, ajoutant qu'il s'agissait d'un "très grave échec".

L'offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après cette guerre qui avait pris Israël totalement par surprise et fait 2.600 morts côté israélien en trois semaines de combats.

Les Brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette opération et tiré plus de 5000 roquettes vers Israël pour "mettre fin aux crimes de l'occupation".

L'attaque du Hamas a été condamnée par de nombreux pays occidentaux. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, tout en reconnaissant les "inquiétudes légitimes d'Israël pour sa sécurité", s'est dit "profondément bouleversé" par l'annonce des autorités israéliennes du "siège complet" de la bande de Gaza.

De leur côté, les Etats-Unis ont commencé dimanche à envoyer de l'aide militaire à Israël avec de nouvelles munitions et à rapprocher leur groupe aéronaval du porte-avions USS Gerald Ford en Méditerranée.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a convoqué une réunion d'urgence mardi pour évoquer la situation en Israël et à Gaza.

En attendant, l'UE a décidé de suspendre son aide au développement - et non pas humanitaire - à la Palestine. Une décision contestée par certains pays dont l'Espagne ou l'Irlande. L'Allemagne a aussi interrompu l'aide; elle veut d'abord contrôler l'usage de ses fonds. La Suisse maintient pour l'instant ses soutiens financiers. Il n'existe aucun indice pour penser que ces fonds ne sont pas correctement utilisés, a affirmé le chef du DFAE Ignazio Cassis.

La Chine a condamné lundi "les actions portant atteinte à des civils" et Moscou a pour sa part plaidé pour la création d'un Etat palestinien. C'est la solution "la plus crédible" à la guerre entre Israël et le Hamas, selon le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov. La Russie a prévenu d'un risque "élevé" d'une entrée dans le conflit de "forces tierces".

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a lui mis en garde Israël contre une attaque "indiscriminée" de civils à Gaza, qui "ne ferait qu'accroître les souffrances et renforcer la spirale de la violence dans la région".

ATS
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