Boris Johnson épinglé pour sa gestion de la crise sanitaire

Le Covid-19 n'aurait été pour lui "qu'une histoire pour se faire peur", selon son ancien conseiller politique Dominic Cummings.

Selon Dominic Cummings, Boris Johnson voyait le Covid-19 comme une "histoire pour se faire peur", une "grippe porcine" suggérant qu'il avait envisagé de se faire infecter en direct à la télévision pour montrer qu'il n'y avait "rien à craindre". © KEYSTONE/AP

Lors d'une audition devant une commission parlementaire, le controversé stratège politique Dominic Cummings a pris sa part de responsabilité dans les "erreurs" faites lors des semaines de début 2020 ayant suivi l'apparition du Covid-19.

"La vérité est que les ministres, hauts responsables et conseillers comme moi n'avons pas été à la hauteur, de manière désastreuse, de ce que le public attend de son gouvernement lors d'une crise comme cela", a-t-il déclaré.

"Histoire pour se faire peur"

Selon Dominic Cummings, le Premier ministre Boris Johnson ne voyait le Covid-19 que comme une "histoire pour se faire peur", une "grippe porcine", allant jusqu'à suggérer qu'il avait envisagé de se faire infecter en direct à la télévision pour montrer qu'il n'y avait "rien à craindre".

Jusqu'à mars 2020, Boris Johnson estimait que le véritable risque lié au virus était avant tout économique plutôt que sanitaire, a ajouté Dominic Cummings, jugeant que "de toute évidence" le Royaume-Uni aurait dû se confiner dès la première semaine de mars 2020, deux semaines avant que ce ne soit effectivement fait, le 23.

Johnson affirme assumer

Interpellé au Parlement sur ces accusations, le Premier ministre a déclaré prendre "la pleine responsabilité" de la gestion de la pandémie, décrivant cette crise comme "l'une des plus difficiles" traversées par le pays depuis longtemps et affirmant qu'il avait toujours suivi les conseils des scientifiques.

Six mois après son départ sur fond de luttes internes, le cerveau de la campagne victorieuse pour le Brexit en 2016 et architecte de l'éclatante victoire de Boris Johnson aux législatives de décembre 2019, se montre désormais impitoyable envers le chef du gouvernement.

Il a néanmoins éludé à deux reprises la question qui lui était posée de savoir si Boris Johnson a, comme l'affirment les médias britanniques malgré ses dénégations, dit qu'il préférait voir les corps "s'accumuler par milliers" plutôt que d'ordonner un troisième confinement.

Boris Johnson aurait selon la presse prononcé cette phrase après s'être résolu, tardivement, à décréter un deuxième confinement à l'automne dernier. Il finira en janvier par en ordonner un troisième, levé progressivement au printemps.

Johnson surfe sur le succès de la vaccination

Abondamment critiqué pour ses atermoiements depuis le début de la pandémie, Boris Johnson surfe actuellement sur le succès de la campagne de vaccination. En à peine six mois, elle a permis d'administrer une première dose à plus de 72% des adultes dans le pays le plus durement frappé par la pandémie en Europe, avec près de 128'000 morts.

La portée des attaques de Dominic Cummings dans l'opinion pourraient rester limitées pour Boris Johnson vu sa réputation d'homme de l'ordre aux méthodes brutales et ses violations du confinement l'année dernière. Selon un sondage YouGov publié samedi dans le Times, seuls 14% des électeurs lui font confiance pour dire la vérité, contre 38% pour le Premier ministre.

ATS
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