Catastrophe de Blatten: un viticulteur fribourgeois choqué
Romain Cipolla est installé à Rarogne, pas très loin de la vallée du Loetschental depuis 10 ans. Dans un climat propice mais changeant.

"On ne s'y attendait pas". Une semaine après l'effondrement du glacier du Birch en Haut-Valais et l'ensevelissement de Blatten, Romain Cipolla est toujours un peu sous le choc.
En 2014, ce Fribourgeois d'origine a posé ses valises à Rarogne, situé à moins de 20 kilomètres de la vallée du Loetschental. Son objectif: cultiver des vignes dans un climat plus propice qu'en plaine, avec des températures plus fraîches. Il a créé son domaine et y applique depuis des méthodes respectueuses de l'environnement.
La catastrophe de Blatten l'a évidemment choqué et surpris. Les dernières informations avant l'éboulement étaient plutôt positives et laissaient espérer une issue plus heureuse. Mais à 15h30 mercredi 28 mai, la montagne s'est écroulée.
Romain Cipolla n'a pas été impacté, mais il est conscient de la proximité géographique de l'événement. Un de ses amis, habitant de Steg (à moins de cinq kilomètres de Rarogne), a dû se préparer à évacuer quand les eaux accumulées à Blatten menaçaient de se déverser en aval.
Depuis une semaine, toutes les conversations tournent autour de la catastrophe. C'était forcément LE sujet de discussion lors des journées caves ouvertes de ce week-end. Alors que les spécialistes s'interrogent sur le rôle du réchauffement climatique dans l'effondrement du glacier, Romain Cipolla, lui, constate depuis plusieurs années les changements sur la nature et sur ses cultures.
Les températures demeurent plus basses globalement dans sa région d'adoption qu'en plaine, mais les épisodes extrêmes sont de plus en plus fréquents: la grêle, les tempêtes ou encore les fortes chutes de neige tardives comme en avril dernier. Tout ça donne à réfléchir.
"Il faudra s'adapter" constate le viticulteur. Mais pas question de quitter cette région qu'il apprécie tant, pour son côté sauvage, ces petites parcelles et ses forêts.
Et puis, il s'est senti plutôt bien accueilli, il y a 10 ans, par cette population locale qui préférait vendre ses vignes à un Fribourgeois plutôt que de les voir tomber à l'abandon. Les gens d'ici "se montrent positifs et veulent aller de l'avant, quoi qu'il arrive", souligne, admiratif, le viticulteur,