"Ce renvoi met sa vie en danger"

Le collectif fribourgeois Droit de Rester demande aux autorités de suspendre le renvoi vers la Roumanie d'un jeune demandeur d'asile afghan.

Le jeune demandeur d'asile afghan était passé par le Centre fédéral pour requérants d'asile de la Googlera, dans le canton de Fribourg. © KEYSTONE

Naeim se trouvait dans le Centre fédéral pour requérants d'asile de la Googlera, à Chevrilles, dans le canton de Fribourg, quand il a été arrêté le 14 octobre dernier. Parce qu'il a transité par la Roumanie avant d'arriver en Suisse, les autorités fédérales ont décidé de ne pas entrer en matière sur sa demande d'asile. Depuis, le jeune requérant de 24 ans est détenu à la prison administrative de l'aéroport de Zurich, en attente du vol de renvoi vers la Roumanie prévu ce jeudi.

Le collectif Droit de Rester, une organisation qui soutient les demandeurs d'asile, dénonce cette expulsion. "De nombreuses enquêtes journalistiques et réalisées par des ONG montrent qu'en Roumanie, le système d'asile dysfonctionne de manière généralisée. Les personnes migrantes sont systématiquement victimes de violences policières: brutalisation, séquestration et destruction de téléphones, menaces avec les chiens par exemple", explique Sandra Modica, membre de l'association. "La Suisse ne peut pas dire qu'elle respecte les droits fondamentaux et en même temps, renvoyer en toute connaissance de cause des personnes dans des pays qui ne respectent pas les droits humains."

Menacé de mort par les Talibans

Lors de son passage en Roumanie, Naeim a été brutalisé, selon Sandra Modica, qui pointe aussi un autre problème soulevé par cette expulsion. "Contrairement à d'autres pays européens comme la France, l'Allemagne ou la Belgique, la Roumanie n'a jamais clairement garanti qu'elle suspendait les renvois vers l'Afghanistan, depuis la prise de pouvoir par les Talibans." Une fois en Roumanie, Naeim risque donc d'être expulsé en Afghanistan. Un pays où il est menacé de mort. "Ce renvoi met sa vie en danger, notamment parce qu'il a refusé de rejoindre les Talibans, et caché sa soeur pour la soustraire à un mariage forcé", détaille-t-elle.

En collaboration avec le collectif AsyLex, Droit de Rester a aussi déposé un recours juridique auprès du comité contre la torture des Nations-Unies. Contacté, le canton de Fribourg indique qu'il ne fait que mettre en application des directives qui viennent de la Confédération, et notamment du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Le SEM lui, indique à RadioFr qu'en Roumanie, les accords internationaux sont respectés et qu'il n'y a pas de raison de supposer que ce pays renvoie les requérants d'asile dans un pays où leur vie, leur intégrité physique ou leur liberté est menacée.

RadioFr. - Maëlle Robert
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