Cédric Wermuth critique Alain Berset

Le Fribourgeois Alain Berset s'est attiré les foudres de son parti à cause de ses propos sur la neutralité dans le conflit en Ukraine.

Cédric Wermuth (à droite) veut parler "très clairement" avec Alain Berset (archives). © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

Dans une interview publiée lundi sur le site de la Neue Zürcher Zeitung, le coprésident du Parti socialiste "partage le souhait d'Alain Berset d'une fin de l'effusion de sang (en Ukraine), mais ni son analyse ni ses conclusions".

Il n'y a actuellement aucune perspective pour des négociations. Le président russe Vladimir "Poutine a d'autres objectifs, c'est le seul obstacle à la paix", dénonce le conseiller national argovien.

Interrogé par la RTS, le chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales Roger Nordmann estime pour sa part avoir "beaucoup de peine avec cette sorte de dialectique que des négociations seraient possibles actuellement". Selon lui, elles ne seraient possible que si "M. Poutine se retirait ou au moins arrêtait l'agression".

Manque de cohérence

Pour Cédric Wermuth, le gouvernement est "malheureusement peu cohérent". S'il s'oppose à la réexportation de munitions, il devrait au moins être à la pointe lorsqu'il s'agit des sanctions contre les oligarques, du commerce des matières premières, de la réduction de la dette de l'Ukraine et de l'aide humanitaire.

Mais le Conseil fédéral "se cache partout derrière la neutralité". On peut partir de l'idée que la direction du Parti socialiste communique "très clairement" cette position à ses conseillers fédéraux, a assuré l'Argovien.

Alain Berset avait défendu ce week-end la position du Conseil fédéral dans la guerre en Ukraine. Le gouvernement refuse fermement d'autoriser une réexportation de munitions suisses par des Etats européens vers l'Ukraine pour lui permettre de se défendre face à l'agression russe. A la place, il insiste sur l'engagement de la Suisse pour la protection de la population civile.

"Frénésie guerrière"

Les armes suisses ne doivent pas pouvoir être utilisées dans une guerre, affirme Alain Berst, soulignant qu'il s'agit là du "noyau dur" de la neutralité. Et le Fribourgeois de mettre en garde contre une atmosphère semblable à celle qui régnait avant la première guerre mondiale. "Je sens aussi aujourd'hui cette frénésie guerrière dans certains milieux. Et j'en suis très inquiet", affirmait-il.

Ces déclarations ont provoqué de vives réactions en Suisse et à l'étranger. Tous les partis, à l'exception de l'UDC, les ont critiquées. Avec de tels propos, la Suisse se place du côté de la Russie et qualifie de bellicisme tous les efforts visant à défendre l'Ukraine, critique le président du Centre Gerhard Pfister sur les ondes de la radio-télévision alémanique SRF.

"Alain Berset est un nom que nous devrions tous retenir et dont nous devrions faire un synonyme d'absurdité la plus totale à défendre l'indéfendable", a de son côté écrit sur Twitter l'ancien président estonien Toomas Hendrk Ilves.

ATS
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