Un projet pour renforcer les liens entre les générations

Chaque senior du home de la Vallée de la Jogne, à Charmey, réalise une sortie de son choix, accompagné par un apprenti. Reportage.

Audrey Stulz et Morgane Magnin ont accompagné Louis, 75 ans, à Electrobroc. © RadioFr.

"C'est un jour pas comme les autres, je suis vraiment content!", lance Louis, enthousiaste, casquette vissée sur la tête, attablé à la table du restaurant de l'Aérodrome à Epagny. À 75 ans, cet homme réservé est l'un des pensionnaires du foyer de jour du Home de la Vallée de la Jogne, à Charmey.  

En ce jour gris de novembre, après un dîner pris à l'extérieur, il va visiter Electrobroc. Il est accompagné de deux jeunes femmes de 19 et 20 ans, Morgane Magnin et Audrey Stulz, respectivement stagiaire et apprentie assistante socio-éducative à l'EMS gruérien, prévenantes envers le senior, et d'une bonne humeur constante.

Rompre la solitude

Dans leur travail au quotidien, elles côtoient Louis, discutent avec lui et vont souvent marcher avec "cet homme droit", passionné de sport qui a fait, dans sa jeunesse, "50 fois la course Morat-Fribourg". Les deux jeunes femmes confient que le courant passe bien avec ce résident. Effectivement, on les sent rapidement complices, tous les trois.

"J'apprécie leur compagnie, ajoute Louis. Sinon, je n'ai que deux personnes dans ma vie, ma belle-mère et ma belle-fille, c'est tout. Je suis assez seul." Pour cette journée hors des murs de l'EMS, c'est lui qui a choisi le programme. Il avait l'embarras du choix. Certains seniors souhaitent aller revoir la maison où ils sont nés, d'autres voulaient admirer un lever de soleil. Lui a préféré se rendre à Electrobroc.

Surprenant? Évident, pour lui, de retourner dans ce lieu auquel il est attaché. "Mon frère a été guide pendant quinze ans à Electrobroc. Et puis je trouve la visite très instructive!" Une visite de la centrale hydroélectrique que le septuagénaire connaît sur le bout des doigts, du film initial à la simulation d'éclairs, en passant par les conseils sur les économies d'énergie, mais qu'il apprécie toujours autant.

Louis en profite pour se livrer, pour parler. C'est un moment agréable.

Né juste avant le covid dans ce home gruérien, avant d'être mis sur pause un moment, le projet vient de redémarrer. Cette sortie hors du cadre du foyer de jour de l'EMS permet aux résidents et aux apprentis de nouer un contact différent, de renforcer les liens. "Louis en profite pour se livrer, pour parler. C'est un moment agréable. On a bien rigolé", commentent, sourire aux lèvres, Morgane Magnin et Audrey Stulz. Elles ont pris en charge l'organisation de cette sortie.

Renforcer la cohésion sociale

"L'idée est que les apprentis apprennent à construire un projet de A à Z et prennent ainsi des responsabilités", explique ainsi Marie-Christine Baechler, infirmière responsable du foyer de jour et également infirmière clinicienne au Home de la Vallée de la Jogne. Mais pour elle, l'essentiel est aussi ailleurs.

"Quand nos apprentis arrivent ici, ils peuvent se trouver démunis face à la relation avec les personnes âgées, explique Marie-Christine Baechler. C'est important qu'ils parviennent à percevoir la personne à part entière, au-delà de son handicap ou de son trouble, même si elle est un peu cabossée. Les résidents restent des personnes dignes et intègres. C'est magnifique que les jeunes puissent les honorer."

Marie-Christine Baechler souhaite que les jeunes conservent ce respect, cette attention portée aux seniors. "J'espère que nos apprentis, par la suite, ne seront pas indifférents si une personne âgée tombe dans la rue ou a un comportement bizarre dans le bus. Ils sauront comment l'approcher, comment l'accompagner."

Une attitude d'autant plus importante que le nombre de personnes âgées va plus que doubler d'ici à 2030 en Suisse. Au vu de l'enjeu, la direction et les soignants du Home de la Vallée de la Jogne en sont convaincus : ces projets intergénérationnels sont précieux pour consolider la cohésion sociale. "Ils créent des liens et embellissent le monde", conclut Marie-Christine Baechler."

Écouter le reportage complet diffusé sur Radio Fribourg:

RadioFr. - Maëlle Robert
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