ChatGPT se fait gentiment une place en politique

Au Grand Conseil, les élus sont encore peu nombreux à employer ChatGPT. Mais cela pourrait rapidement changer.

Les députés du Grand Conseil pourront se former à l'usage de ChatGPT lors de la session de février. © KEYSTONE

Elle permet de résumer des textes, d'en créer rapidement ou encore de structurer un discours. Ces derniers mois, l'intelligence artificielle s'est développée à toute vitesse, entre crainte et fascination. Aujourd'hui, elle débarque à l'hôtel cantonal. Les députés fribourgeois qui le souhaitent pourront, d'ailleurs, suivre une formation à ChatGPT lors de la prochaine session du Grand Conseil, le 8 février. 

Pour Brice Repond, élu vert libéral, ChatGPT est indispensable. Le député s'est même créé un véritable assistant parlementaire, sur la base de l'intelligence artificielle. "Grosso modo, j'ai nourri un robot personnalisé sur ChatGPT avec toutes sortes de documents en lien avec la politique, par exemple une liste de postulats, des rapports, des motions, etc. Je lui ai donné des règles et des tâches spécifiques et maintenant si je travaille sur un instrument parlementaire, je passe le document dans ChatGPT et il va me sortir toutes les informations que je souhaite obtenir, parce que je lui ai dit de me les transmettre", explique-t-il.

Un outil du quotidien

Au-delà du domaine politique, Brice Repond utilise cet outil au quotidien, pour faire des résumés, structurer sa pensée ou encore écrire des textes. Au final, presque tout est possible. Selon le Gruérien, ChatGPT lui permet de gagner non seulement du temps, mais aussi de la pertinence. "Il résume mieux un texte de 50 pages, que si je le faisais moi-même après avoir lu ce même texte", développe-t-il.

Cet usage semble rester hors norme dans l'hémicycle cantonal. Le vert libéral travaille dans le domaine des statistiques, comme Data scientist, mais il assure que ce n'est pas un prérequis pour utiliser ChatGTP. Pour lui, d'autres raisons peuvent créer, chez certains élus, de la réticence face à cette technologie. "Il est possible que certains députés pensent que s'ils utilisent l'intelligence artificielle pour leurs activités de politiciens, leur importance diminue, car ils prennent moins de temps pour faire certaines tâches. Avec ChatGPT, je travaille forcément plus vite et je suis d'avis qu'il faut utiliser ce qui nous rend plus productifs", argumente-t-il.

Pas encore aujourd'hui... mais demain

Contrairement à son collègue, Christian Clément, lui, n'utilise pas du tout l'intelligence artificielle pour son activité de politicien. Pour le centriste, ChatGPT ne connaît pas assez bien le tissu régional, donnant l'exemple d'une motion déposée en décembre 2023 qui demandait une libéralisation du ramonage dans le canton Fribourg. 

ChatGPT ne sort aucune information valable sur un sujet régional comme celui-ci. Il vaut mieux aller parler avec les personnes de ce domaine. ChatGPT ne peut pas faire ce travail-là.

Pour Christian Clément, ChatGPT va arriver prochainement dans le parlement fribourgeois. "Ça ne sera pas durant cette législature, mais certainement la prochaine. Je pense, de fait, que les partis vont devoir former leurs membres. Pour moi, c'est à eux qu'incombe cette tâche, plutôt qu'à l'État." 

L'éthique politique en danger? 

Plusieurs interrogations émanent de l'émergence de ChatGPT, et des intelligences artificielles en général, comme les questions d'éthique, de confidentialité ou de manipulation de l'information. Pour Brice Repond, le problème n'en est pas vraiment un. "Tous les documents politiques que j'utilise sont publics et accessibles librement. À propos de l'éthique, je pense qu'il faut voir ces outils comme une aide à la décision, et non pas comme un outil autoritaire", conclut-il.

RadioFr. - Vincent Dousse
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