Cinq millions de francs pour une médaille d'or
Daniel Burger, l'entraîneur de la médaillée Chiara Leone, explique comment les investissements dans le sport rapportent des médailles.
Le 29 juillet, la Jurassienne Audrey Gogniat décroche la première médaille de Suisse au tir à la carabine à 10 mètres lors des Jeux Olympiques. Quatre jours plus tard, l'Argovienne Chiara Leone se hisse au sommet du podium au tir à 50 mètres. C'est la première, et pour l'instant la seule, médaille d'or de notre pays.
Le Singinois Daniel Burger est l'entraîneur en chef de Chiara Leone et le responsable du sport d'élite chez Swiss Shooting. Architecte derrière cette médaille d'or, il a toujours été convaincu que le travail professionnel et la qualité de la formation pouvaient mener les tireuses suisses au sommet.
Pourtant, il a dû se battre avec acharnement pour obtenir les ressources nécessaires. "Pour chaque franc que je voulais dépenser, il y avait une longue discussion avec Swiss Olympic", déplore le Singinois.
Optimiser et promouvoir
Il a souvent dû insister dix fois pour obtenir des fonds de formation et de promotion. Avec un budget annuel d'environ deux millions et demi de francs, Daniel Burger devait parfois prendre des décisions difficiles. "C'est simplement la réalité du sport d'élite. On doit garder un cadre restreint, optimiser et promouvoir vraiment les bonnes personnes."
Comparé à Swiss Athletics, qui a un budget de 15 millions de francs, la Fédération suisse de tir sportif reste modeste, mais elle peut pourtant montrer de belles réussites. "Swiss Athletics n'a plus remporté de médaille depuis le bronze de Werner Günthör en 1988", constate Daniel Burger. "Nous, en revanche, pouvons présenter plusieurs médailles."
Chiara Leone et Audrey Gogniat passent jusqu'à 70 heures par semaine au stand de tir. "Ce sont nos plus grandes travailleuses", affirme Daniel Burger. "La médaille d'or a coûté environ cinq millions de francs à Swiss Shooting durant les trois dernières années." Mais pour maintenir ce niveau de réussite sur la scène internationale, il faudrait investir au moins 50 000 francs supplémentaires par an au cours des quatre prochaines années, estime l'entraîneur.
Une compétition féroce
Swiss Shooting est en concurrence dans un sport dominé par des pays comme la Chine et la Corée. "Il y a trois écoles de tir à Pékin avec 10 000 tireuses et tireurs chacune", explique Daniel Burger. Ces pays disposent d'énormes budgets et de ressources inimaginables pour la Suisse.
Alors, il faut savoir se démarquer. La fédération ne se concentre pas seulement sur l'entraînement au stand de tir, mais aussi sur d'autres aspects, comme l'endurance, la musculation, ou, plus important encore, le neuro-entraînement et la psychologie du sport. Une formule qui fonctionne, comme l'ont prouvé Chiara Leone et Audrey Gogniat.