Clara Luciani: "J’ai fait une petite overdose de paillettes"

RadioFr: Clara, ce nouvel album de 13 titres, j'aimerais le comparer à un bouquet de 13 roses. La rose est synonyme de douceur, de pureté, de tendresse. Et dans ce bouquet, on a différentes couleurs. On a l'amour, on a l'amitié, on a la passion, on a la rupture. C'est un album sur les liens humains quels qu'ils soient. Quand j'ai entendu le nom de cet album pour la première fois, j'ai fait un raccourci bête et rapide en me disant que tu l’avais écrit sur ton fils parce que tu as composé cet album en étant enceinte. Mais non, il est POUR ton fils, c'est différent. Tu avais beaucoup de choses à lui dire et à lui raconter?

Clara Luciani: C’est ça, et c'est toute la différence. Il était en train de grandir dans mon ventre, mais j'avais déjà envie de lui dire des choses. Et je me suis rendu compte que ça m'avait permis d'aborder plein de sujets que j'avais jamais réussi à chanter avant ça. Donc j'ai eu envie de lui raconter qui j'étais. Et lui raconter qui j'étais, c'était aussi lui raconter qui est ma mère. Et donc j'ai fait cette chanson qui s'appelle “Ma mère”. J'ai aussi eu envie de lui raconter mes erreurs de parcours parce que je trouve que c'est important de ne pas mentir sur la marchandise en tant que parent. Et de, au contraire, utiliser nos expériences passées pour transmettre à nos enfants, peut-être, quelques conseils. J'ai eu envie de lui raconter mes chagrins d'amour, d'amis, mon goût pour une certaine solitude aussi. Et voilà, c'est un disque qui finalement a assez peu à voir avec mon enfant. Il y a une chanson qui lui est véritablement dédiée qui s'appelle “Roule”. Le reste, ce sont plus des confidences, c'est plus de l'ordre des confessions. C'est l'idée de me présenter à lui en chansons.

Ce nouvel album, c'est celui qui te ressemble le plus. C'est ta sœur dans un premier temps qui l'a dit. On est d'accord avec ça quand on l’a écouté. C'est vrai que le dernier “Cœur” sonnait très disco. Dans celui-là, il y a toujours ton ADN, mais il sonne un peu plus rock. C'est aussi un album qui était marqué par la maternité, et c'est sûr que d'être maman, c'est une sacrée responsabilité. Je pense que ça donne aussi un peu confiance. En tout cas, ça se sent dans tes textes, j'ai envie de dire que là, on a une Clara qui est plus courageuse, plus optimiste?

Oui, je suis tout à fait d'accord avec toi. Je ne sais pas vraiment expliquer ça. Je crois que ça arrivait à beaucoup de femmes, effectivement, de ressentir cette espèce de regard, de courage, d'énergie même, en devenant mère ou en s'apprêtant à devenir mère, ce qui était mon cas. Il y a un truc aussi de confiance ou de résilience peut-être aussi. Et c'est marrant, tous les visages, toutes les femmes qu'on peut être en fait en une vie, je m'en rends compte parce que je ne suis plus exactement la même Clara que sur le premier disque ni sur le second. Et pourtant, c'est toujours moi. Mon essence est toujours présente, mon ADN, comme tu l'appelais. Mais c'est vrai que c'est encore une fois un nouveau visage que je présente ici.

J'ai envie de dire aussi, une Clara un petit peu plus naturelle, je dis ça surtout par rapport à la pochette de l'album, peu de maquillage, un petit débardeur blanc. Mais ce qu'on remarque surtout, c'est que la veste à paillettes, on l'a mise de côté?

Oui, je crois que j'ai fait une petite overdose de la paillette! (rires) J'ai adoré ces années-là, j'ai adoré vivre mon expérience disco du début à la fin. Je n'ai que des souvenirs de dingue sur scène, ça a été fou de défendre ce disque. Ça sera à jamais quelque chose de très spécial pour moi. Mais je crois que comme un peu tout le temps dans la vie, quand on va au bout d'une esthétique ou d'un projet, à un moment donné, on a envie d'aller à l'inverse. Et je crois que c'est ce qui se passe ici, c'est que j'ai été tellement loin dans la paillette, le glamour peut-être, le dansant, que tout à coup, j'ai eu envie d'aller prendre un chemin complètement radical et d'en effet être beaucoup plus naturelle.

En général, on sort un seul single pour annoncer un nouvel album. Toi, tu en as sorti deux le même jour, “Romance” et “Tout pour moi”. “Romance”, c'est un texte qui est assez sombre, une chanson sur l'abandon, une rupture amicale, on peut dire aussi. Contrairement à “Tout pour moi”, où il est question d'amour, un titre qui est solaire et positif. Et l'objectif de sortir ces deux titres en même temps, c'était histoire de ne pas mentir sur la marchandise, comme tu dis, de montrer un peu le yin et le yang de cet album?

Oui, c'est ça, parce que je dis toujours que ce disque est très honnête et qu'il me représente exactement comme je suis. Et si j'avais sorti que “Romance” ou à l'inverse, si j'avais sorti que “Tout pour moi,” les gens n'auraient pas eu un aperçu véritable de ce disque et de qui je suis. C'est-à-dire que je suis capable de rire aux éclats toute une journée et puis je suis capable tout à coup d'avoir une espèce de moment hyper introspectif et mélancolique. Et ce disque-là, il en témoigne. Et je crois qu'on est beaucoup d'ailleurs à être comme ça. C'est aussi la complexité humaine de n'être jamais que blanc ou noir et d'être tout en subtilité et parfois en contradiction aussi. 

Clara, je t'emmène encore dans un petit instant “Crush”. On te sait très proche de ta sœur Léa, connue aussi sous le nom d'Ehla, dans sa carrière musicale. J’aimerais donc connaître ton plus beau souvenir avec ta sœur Léa?

Je pense que c'est quand elle m'a rejointe sur la scène de Bercy et que je venais d'apprendre que j'étais enceinte. C'était très, très fort. Et je me rappelle avoir serré sa main et on s'est regardées toutes les deux. Et on a regardé le public et il y avait tellement de monde. Il y avait des milliers et des milliers de personnes. Et on s'est serrées la main et on savait toutes les deux que bientôt ... “Vous vous êtes comprises dans un regard?” Oui, ça a été magnifique. Et je savais qu'en plus, nos parents étaient dans la salle et qu'ils savaient aussi. Ça faisait beaucoup d'émotions d'un coup, c'était beaucoup pour mon petit cœur. (sourire)

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