Credit Suisse: la presse fustige un échec

La presse est unanime au lendemain du non définitif au Parlement sur les garanties de la Confédération pour sauver Credit Suisse: refuser était facile. Elle doute que les parlementaires se montrent aussi courageux quand il sera question d'actes concrets.

Le Conseil national a dit deux fois non aux garanties de la Confédération pour sauver Credit Suisse. Le refus n'a toutefois pas d'effet juridique sur les crédits engagés auprès des banques. © KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

L'UDC, le PS et les Verts "se sont contentés de caillasser le camion des pompiers, après avoir attendu sagement dans leur coin que l'incendie soit bien éteint", image le journaliste de La Liberté Philippe Castella, qui déplore un spectacle affligeant.

Il accuse le PS et l'UDC, les deux plus grands partis du pays avec chacun deux représentants au Conseil fédéral, de jouer sur les deux tableaux. "Ces partis ont beau se draper dans l'indignation légitime des leçons non tirées de la crise financière de 2008, la vérité est bien plus triviale, écrit le journaliste. A six mois des élections fédérales, l'UDC voulait la jouer une fois de plus seul contre tous. Et la gauche n'a pas voulu la laisser seule puiser les bénéfices électoraux de la grogne populaire".

L'ambiance est également amère outre-Sarine. "Le Conseil national a échoué", écrit l'Aargauer Zeitung, tandis que la Neue Zürcher Zeitung dénonce une "hypocrisie". "Au lieu de se montrer prêts à faire des compromis, la gauche et l'UDC sont allées à la pêche aux électeurs", souligne le Blick. Résultat: aucune solution n'a été trouvée pour éviter à l'avenir qu'une grande banque en faillite n'entraîne toute l'économie suisse dans sa chute.

Retournement de veste en vue

La presse attend du Parlement des actions concrètes. Elle exige un renforcement de la surveillance et une réglementation plus stricte des bonus des dirigeants. "Face au puissant lobby bancaire, cela demandera beaucoup de courage politique. Dont on peut douter au vu des tergiversations de cette session", commente Le Temps.

Mais surtout une commission d'enquête parlementaire (CEP) est nécessaire. Et les titres romands du groupe Tamedia, la Tribune de Genève et le 24 Heures, pressentent déjà un retournement de veste au Parlement. "Alors que la décision aurait pu être prise durant cette session extraordinaire, voilà que le Conseil des Etats a préféré la reporter au début de l'été", affirment les deux journaux pour qui refuser une CEP signifierait que le Parlement se défausse de ses responsabilités.

Ces mesures, c'est "ce que doivent nos élus à leurs électeurs", abonde Bayron Schwyn d'Arcinfo. "Ces derniers n'auront malheureusement pas le fin mot de l'histoire au moment de se rendre aux urnes lors des élections fédérales cet automne", souligne-t-il.

ATS
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