Décès de Frédéric Mitterrand

L'ancien ministre français de la Culture et homme de télévision, Frédéric Mitterrand est décédé jeudi à son domicile parisien à l'âge de 76 ans, après une lutte de "plusieurs mois contre un cancer agressif", a annoncé sa famille à l'AFP.

L'ancien ministre de la Culture et homme de télévision Frédéric Mitterrand est décédé jeudi à Paris à l'âge de 76 ans. (archives) © KEYSTONE/EPA/JOEL SAGET/POOL

Neveu de l'ancien président François Mitterrand, ministre lorsque Nicolas Sarkozy était le chef de l'Etat, cette personnalité inclassable, grand cinéphile, avait annoncé en avril 2023 être "malade", sans en dire davantage.

Né le 21 août 1947 dans les beaux quartiers à Paris, Frédéric Mitterrand s'est fait un nom grâce à la télévision, où il anime à partir de 1981 sa première émission, "Etoiles et toiles".

Il y ressuscite avec flamboyance les stars, surtout les actrices, décortique les grands films, insufflant sa cinéphilie au public, avec un phrasé lancinant reconnaissable entre tous.

Il quitte en 1988 TF1, devenue chaîne privée, pour Antenne 2 et le service public.

Il est également apparu sur l'écran enfant: à 13 ans, il joue le fils de Michèle Morgan dans "Fortunat", avec Bourvil (1960). Il passe aussi derrière la caméra et réalise notamment "Lettres d'amour en Somalie" (1981), écrit à la première personne, et l'opéra "Madame Butterfly", filmé en Tunisie (1995).

Egalement écrivain, Frédéric Mitterrand n'hésitait pas à confesser sa "mauvaise vie". Il avait ainsi fait le récit en 2005 de ses errances sexuelles et tarifées en Thaïlande et au Maghreb. D'abord salué, le livre suscitera ensuite la polémique, l'obligeant à se défendre de toute relation avec des mineurs ou d'apologie de la pédocriminalité.

Malgré son nom, il s'était refusé à marcher sur les traces d'un oncle qu'il admirait. Il adhère en juin 1993 au Mouvement des radicaux de gauche (MRG). En mai 1995, il apporte son soutien à Jacques Chirac, candidat de droite à la présidence.

Nommé à la tête de la Villa Médicis, l'institut culturel français de Rome, par le président Sarkozy en 2008, il rentre à Paris quelques mois plus tard pour prendre le ministère de la Culture, jusqu'à l'élection présidentielle de 2012, perdue par la droite.

A ce poste, ce père de trois enfants a notamment affronté les intermittents du spectacle et conduit des grands chantiers, lancés pour certains avant son arrivée: le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille ou la Philharmonie à Paris.

Hommages

Emmanuel Macron a rendu hommage au défunt, saluant un homme qui "vécut mille existences, toutes tissées d'un fil rouge: la culture pour chacun". "Ses légendaires " Bonsoir ! " vont nous manquer", a encore écrit sur X le chef de l'Etat, adressant ses "pensées à sa famille, à ses proches et aux fidèles de ses émissions".

Nicolas Sarkozy a rendu hommage sur X à "un homme profondément cultivé et délicat, un être à part, sensible et attachant, une personnalité inclassable si loin de la vie partisane".

"La mort de Frédéric Mitterrand me bouleverse. Une amitié de plus de 60 ans nous liait d'une affection inaltérable. Il a tout au long de sa vie servi les arts avec passion, érudition et amour. Notre fidélité commune pour François Mitterrand nous unissait profondément", a réagi de son côté Jack Lang, ancien ministre socialiste de la Culture, sur le même réseau social.

Dans un communiqué, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a salué "sa profonde humanité", "son humour", "sa gentillesse", "sa douceur", "son attention permanente aux autres, qu'il manifesta jusqu'à son dernier souffle", encore "ce week-end" lors d'une de leurs dernières conversations.

L'appelant "Frédo", "une de nos figures familières" mais aussi "un écrivain fécond" et un "ministre attentif à tous les acteurs de la culture", Mme Dati a décrit un homme qui "portait sa mélancolie comme une élégance".

ATS
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