Une tribune en soutien à Depardieu

55 personnalités françaises dénoncent un "lynchage" de Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis 2020 et au coeur d'une polémique après un documentaire. Des féministes qualifient ce soutien de "crachat au visage des victimes".

Une soixantaine de personnalités du monde de la culture française ont publié leur soutien à Gérard Depardieu dans le Figaro. Les féministes et défenseurs de victimes d'abus s'offusquent. (archives) © KEYSTONE/AP/Thibault Camus

Une soixantaine de personnalités dont le réalisateur Bertrand Blier, les actrices Nathalie Baye, Carole Bouquet ou Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard ou Gérard Darmon, mais aussi les chanteurs Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou Jacques Dutronc, ont publié cette tribune lundi soir sur le site du Figaro.

"Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma. Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l'amalgame le plus complet et au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est", écrivent-ils dans ce texte.

"Lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque. Par son génie d'acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays. (...) Quoi qu'il arrive, personne ne pourra jamais effacer la trace indélébile de son oeuvre dont notre époque est à tout jamais marquée. Le reste, tout le reste, concerne la justice; que la justice. Exclusivement", ajoutent-ils.

De quoi raviver la colère des associations féministes.

"C'est une tribune très pédagogique. Ce que l'on voit, c'est comment un entourage va s'organiser et utiliser des arguments tels que 'c'est un monstre sacré, c'est un génie' pour protéger quelqu'un", a déclaré à l'AFP la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.

"Un crachat au visage des victimes"

Emmanuelle Dancourt, cofondatrice de #MeTooMedias, s'est dite elle "atterrée".

"J'ai l'impression qu'il y a une incompréhension quand j'entends parler de torrent de haine qui se déverse sur Depardieu... Il n'y a jamais de vengeance (de la part de victimes de violences sexuelles, ndlr), mais un besoin de protéger les autres", a-t-elle souligné sur la chaine française BFMTV.

"C'est un crachat au visage des victimes de violences", a réagi auprès de l'AFP le collectif "Nous Toutes".

"On ne comprend pas que le monde de la culture se mobilise, il faudrait utiliser cette voix pour soutenir les victimes", selon Tatiana, militante du collectif.

Le président de la République Emmanuel Macron et des membres de la famille de l'acteur, dont sa fille Julie, avaient déjà pris publiquement la parole pour défendre Gérard Depardieu, qui aura 75 ans mercredi, mis en examen à la suite d'une des deux plaintes dont il fait l'objet en France et qui réfute ces accusations.

La diffusion récente d'un reportage sur l'acteur, dans l'émission "Complément d'enquête" sur la chaîne France 2, a provoqué une onde de choc, avec des répercussions internationales.

Misogyne et insultant

Sur ces images, Gérard Depardieu, connu pour avoir interprété Cyrano de Bergerac, multiplie les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes lors d'un voyage en Corée du Nord, n'épargnant pas une fillette avec des propos à caractère sexuel lorsqu'elle passe à cheval à l'image.

Le groupe France Télévisions a assuré vendredi que ce dernier passage avait été "authentifié" par un huissier de justice. Cette réaction intervenait après des déclarations du chef de l'Etat sur France 5 laissant entendre que la séquence avait pu être modifiée au montage, comme l'avait auparavant affirmé la famille de l'acteur.

Depuis le scandale, Gérard Depardieu a été radié de l'Ordre national du Québec et de son titre de citoyen d'honneur de la commune d'Estaimpuis (Belgique), tandis que sa statue de cire a été retirée du parcours de visite du musée Grévin à Paris.

ATS
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