Dernier Eurovision pour Jean-Marc Richard
En Suisse romande, tout le monde connaît l'homme de radio Jean-Marc Richard et pilier de la vie alternative à Lausanne dans les années 80. En mai, il commentera pour la 34e et dernière fois l'Eurovision. Il détient pour l'instant le record de longévité.
Jean-Marc Richard termine en commentant l'Eurovision à Bâle après la victoire de la Suisse avec Nemo l'an dernier à Malmö. "Enfin!", s'exclame-t-il. En 1989 à Lausanne, il avait suivi la dernière Eurovision organisée en terres helvétiques pour la radio locale Radio Acidule: "je m'en souviens bien, car j'avais interviewé Céline Dion", explique-t-il à Keystone-ATS. La boucle est bouclée.
Un concours "ringard"
"Il y a encore quelques années, personne ne voulait commenter le Concours Eurovision de la chanson. On trouvait ce truc nul, ringard. Et maintenant tout le monde s'y intéresse", poursuit celui qui commente le show pour la RTS depuis 1992.
Selon l'animateur, c'est la communauté gay, qui a "sauvé" l'Eurovision. La victoire en 2014 de la diva barbue Conchita Wurst - qui est attendue à Bâle en mai - a été un moment-clé. Grâce à la "Conchitamania" et à son impact sur les réseaux sociaux, "jamais une victoire de l'Eurovision n'aura autant été relayée à travers le monde".
Auparavant, le concours s'était peu à peu ringardisé, en porte-à-faux avec l'industrie musicale, en particulier au moment de l'arrivée de MTV au début des années 80 et l'essor des vidéos musicales.
Les responsables de l'Eurovision se sont remis en question et ont reposé quelques jalons: celui d'un spectacle en télévision pour 150 à 200 millions de téléspectateurs - quand la Russie faisait partie du jeu.
"On fait un show TV, alors faisons un show total", s'emporte le Vaudois. "L'artiste, ce n'est pas seulement la voix, c'est la prestation scénique. Et Nemo pour moi, c'est l'aboutissement de tout cela: il a mis tous les ingrédients".
Les douze points de Gjon's Tears
Avant la victoire de Nemo et le début des camps d'écriture des chansons en 2017, la Suisse ne s'était pas qualifiée pour la finale un nombre "incalculable" de fois.
Les douze points récoltés par le Fribourgeois Gjon's Tears en 2021 est pour Jean-MarcRichard un des grands moments de l'Eurovision: "cela faisait 30 ans que la Suisse attendait" de recevoir le maximum de points qu'un pays peut attribuer à un concurrent.
Depuis la victoire de Conchita Wurst et le retour dans les bonnes grâces du public, l'industrie musicale s'est aussi reconnectée au concours Eurovision. Et ce rendez-vous suscite à nouveau des passions, mais "qui peuvent déraper sur les réseaux avec des messages virulents contre telle ou telle chanson ou la participation de certains pays comme Israël".
Une nouvelle version du livre "La saga Eurovision", dont Jean-Marc Richard est un des trois co-auteurs, sortira trois semaines après la fin du concours. "Si quelqu'un veut créer un quiz, on a toutes les infos, on les lui transmet volontiers", sourit-il.
