Des experts dénoncent les menaces israéliennes contre la CPI

Les experts se disent choqués de voir les Etats-Unis et Israël tenter d'intimider la Cour pénale internationale.

Le Genevois Nicolas Levrat fait partie de ce groupe d'experts indépendants. © KEYSTONE

Des dizaines d'experts indépendants de l'ONU, dont le rapporteur spécial sur les minorités, le Genevois Nicolas Levrat, dénoncent les menaces américaines et israéliennes de représailles contre la Cour pénale internationale (CPI). Ils ont appelé vendredi à Genève à honorer l'indépendance de cette juridiction.

L'attitude de plusieurs responsables de ces deux pays est "affligeante", affirment les experts, qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU. "Le monde devrait s'unir" pour mettre un terme "au bain de sang" dans la bande de Gaza et chercher la justice pour ceux qui ont été "illégalement" tués, blessés ou pris en otage, selon eux.

Il y a une semaine, le bureau du procureur de la CPI avait ciblé des menaces contre l'institution ou son personnel, en raison de certaines décisions prises par Karim Khan. De telles pratiques peuvent équivaloir à une offense contre la justice, selon le statut de la Cour.

Ces dernières semaines, des responsables américains et israéliens ont ciblé toute initiative possible par le procureur comme "anarchique", "scandaleux". Tout mandat d'arrêt serait, selon eux, un "outrage" ou une "abomination".

Des indications ont été relayées également sur de possibles sanctions en préparation par des dirigeants du Congrès américain contre des collaborateurs de la CPI. Ceux-ci souhaiteraient également mener des efforts pour couper les financements à la juridiction en cas de mandat d'arrêt contre de hauts responsables israéliens. De son côté, le ministre israélien des finances a menacé de retenir des fonds prévus pour l'Autorité palestinienne.

Large soutien pour la CPI

Les experts indépendants se disent "choqués" de voir que des pays qui se revendiquent en héros de l'Etat de droit "tentent d'intimider" un tribunal international pour empêcher tout établissement des responsabilités. Ils estiment que cette approche viole les droits humains.

Et ils rappellent encore que la CPI a pour mandat de se pencher sur les génocides, les crimes contre l'humanité ou crimes de guerre. Les juges de la Cour ont autorisé le procureur à mener des investigations sur les crimes internationaux perpétrés dans les territoires palestiniens ou en Israël depuis plusieurs années. M. Khan avait précisé avoir ajouté les atrocités depuis octobre dernier à ses efforts judiciaires.

"Une majorité des pays soutient la Cour", insistent les experts onusiens. "Le rôle de la CPI est plus important que jamais", affirment-ils. Ils estiment que s'en prendre à elle sera "préjudiciable". Ils ont relayé leurs préoccupations aux autorités des deux pays.

ATS
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