Des femmes condamnées pour avoir décidé d’avorter

"Ma mère m’a dit qu’il ne fallait pas badiner avec les garçons." Derrière cet euphémisme, c’est une page d’histoire qui se cache. Celle de nombreuses Fribourgeoises qui ont décidé d’avorter à une époque où les moyens de contraception étaient très rares, voire inexistants.

Intitulé «Je voulais simplement faire revenir mes règles», le travail de Master en histoire contemporaine de Morgane Pochon se penche sur le vécu de 80 femmes conduites devant les tribunaux pour avoir décidé d’avorter.

L'auteure s’est intéressée à leurs dossiers judiciaires pour comprendre pourquoi elles ont fait le choix de cet acte encore illégal, comment elles ont eu accès à ces méthodes abortives ou encore quelles contraintes ont pesé sur leur sexualité à l’époque.

Ignorance et dépénalisation tardive

On découvre des femmes qui se sentent "piégées", n’ayant rien pu faire pour éviter une grossesse, mais aussi une forte ignorance de leur part comme en témoigne cette citation: "Il se retirait chaque fois avant l’éjaculation. C’est pourquoi je ne considérais pas une grossesse comme possible."

Plus surprenant, on découvre que ces Fribourgeoises pouvaient considérer l’avortement comme un moyen de contraception à posteriori, ou encore que l’accès à l’avortement était étonnamment facile, alors même que, depuis 1942, la pratique était uniquement autorisée si la vie ou la santé de la mère en dépendait.

On le rappelle, l’avortement a été dépénalisé en 2002 seulement en Suisse, alors que la première initiative populaire visant à modifier la législation date de 1971, par ailleurs année d'introduction du suffrage féminin.

Quant à Morgane Pochon, elle a remporté cette année le Prix « Genre » décerné par l’Université de Fribourg. Elle avait aussi été récompensée par le Prix de la société d’histoire du canton de Fribourg en 2018.

Voir le sujet de La Télé sur l'ouvrage de Morgane Pochon:

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