Pesticides: une campagne pour des bouquets de fleurs sains

L'association des fleuristes suisses veut lancer une opération de sensibilisation pour lutter contre les dangers des pesticides dans nos bouquets.

Seulement 10% des fleurs vendues en Suisse sont produites dans le pays. © envato (image d'illustration)

Vous consommez des fruits et légumes locaux et de saison? Et si vous faisiez pareil avec les fleurs! L'Association Suisse des Fleuristes, Florist.ch, lancera une campagne en ce sens au printemps prochain. Elle cible les fleuristes, mais surtout leur clientèle.

Objectif: leur faire comprendre que si l'on veut limiter la présence de pesticides dans les fleurs, il faut privilégier les végétaux d'ici, les acheter au bon moment et accepter de les payer un peu plus cher.

Pas de cas grave en Suisse

Une prise de position qui fait suite à une enquête de la RTS. Elle concluait que les bouquets achetés en Suisse présentaient des quantités importantes de produits interdits dans l'agriculture suisse.

Selon Thomas Meier, président de Florist.ch, la présence de ces substances n'est pas dangereuse pour la clientèle. Pour la santé des fleuristes, au contact quotidien avec des fleurs, il n'y a cependant pas d'étude réalisée en Suisse. L'Association souhaiterait en savoir plus, mais elle manque de moyens. Elle est en contact avec d'autres organisations professionnelles européennes et espère qu'ensemble, elles pourront faire réaliser des recherches sur le sujet. Elle relève encore qu'aucun cas de maladie grave en lien avec ces substances n'est venu à sa connaissance.

Mais Thomas Meier le reconnaît: entre réactions aux pesticides et allergies aux fleurs elles-mêmes, il est difficile de faire la différence. Basile Page, dermatologue à l'HFR, le précise également. Il faut toute une batterie de tests pour déterminer le produit ou l'allergène à l'origine, par exemple, d'un eczéma des mains. Et parmi les fleurs qui peuvent provoquer des réactions importantes, on trouve les marguerites, les edelweiss ou encore les chrysanthèmes, si communs sur les étals de nos fleuristes.

Mais quelle que soit son origine, un eczéma doit être traité rapidement, au risque sinon de s'étendre, de provoquer un arrêt de travail prolongé, voire de rendre indispensable une reconversion professionnelle. Crèmes avec ou sans cortisone et anti-inflammatoires, hydratation maximale, voilà les remèdes. Il est aussi possible de limiter les dégâts en amont, en utilisant des pommades protectrices ou des gants. Pour autant que ces derniers ne contiennent pas de substances, elles aussi allergènes.

Changer les habitudes de consommation

Cathia Bulloni, patronne de "Rosae" à Villars-sur-Glâne, en met à disposition de ses collaboratrices. Mais n'en porte pas elle-même. Tout en emballant avec dextérité un joli bouquet pastel, elle nous explique que ce n'est pas très pratique. En une dizaine d'années de métier, elle n'a jamais eu de soucis particuliers, ni allergies ni réactions à divers produits. Seul accident possible: se couper en maniant sa paire de ciseaux. "Mais on met un pansement et puis voilà!"

Elle voit d'un bon œil une campagne favorisant le consommer local et de saison pour les fleurs aussi. Notamment auprès des futurs fleuristes, pour les rendre attentifs à ce que l'on peut produire ici. Mais il est aussi difficile de convaincre la clientèle de se passer d'une belle rose, impossible à cultiver en Suisse en plein mois de janvier.

RadioFr. - Sarah Camporini
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