Alain Berset sous haute protection
Agents en renfort, matériel de surveillance et nombre d'engagements record, la police a été mise à forte contribution en 2021.

Triste record battu en Suisse l'an passé: plus de 1215 menaces ont été communiquées à la police fédérale. Elles ne s'arrêtent plus aux personnalités publiques, comme les conseillers fédéraux, mais touchent aussi leurs familles et leurs proches. Et il ne s'agit là que des cas signalés à la police fédérale: la pointe de l'iceberg de la haine donc. En automne 2021, juste avant la votation sur la loi COVID-19, la police fédérale analysait chaque jour jusqu'à 4'000 messages diffusés sur les réseaux sociaux ou des groupes de messagerie.
Sans surprise, le Ministre de la santé, Alain Berset, a été l'une des principales cibles de ces menaces et messages haineux. En avril, la directrice de Fedpol, Nicolleta della Valle, expliquait dans les journaux du groupe Tamedia que le conseiller fédéral et sa famille faisaient l'objet d'une protection rapprochée depuis un an et demi.
Les habitants de Belfaux ont bien sûr remarqué une présence policière plus marquée dans le village l'année passée, et notamment cette voiture de police souvent parquée devant la laiterie du village. Impossible d'en savoir plus sur les mesures prises pour assurer la sécurité d'Alain Berset et de son entourage. Pour des raisons de sécurité, tout est gardé dans le plus grand secret.
Contactés, la police cantonale fribourgeoise et le Département fédéral de l'Intérieur renvoie à Fedpol, qui répond de façon très générale. La police fédérale explique évaluer en continu les menaces qui pèsent sur les personnes à protéger et définit les mesures de protection. Les polices cantonales se chargent ensuite de les appliquer, explique la police fédérale.
Opération "Concilium": de nombreux moyens engagés
Lors des dernières années, les policiers fribourgeois ont effectué en moyenne un peu plus d'une trentaine de protections rapprochées. L'année passée, ce nombre a dépassé les 270. Impossible à nouveau de savoir combien de missions ont concerné la protection du conseiller fédéral fribourgeois et de sa famille. Pour des raisons de sécurité, la police fédérale ne communique aucun détail.
Tout laisse toutefois penser que la protection d'Alain Berset a beaucoup occupé les agents fribourgeois. Dans son rapport d'activités 2021, la Direction de la sécurité écrit d'ailleurs que "les mesures prises par la Confédération et les cantons pour lutter contre le Covid ont généré des menaces supplémentaires envers les autorités fédérales en particulier". Pour les protéger, l'opération "Concilium" a été mise sur pied. "Des surveillances qui ont eu un impact important en matière d'effectifs, d'organisation et de coûts pour la Police cantonale", peut-on encore lire dans ce rapport.
Neuf agents de cantons voisins ont d'ailleurs dû être appelés en renfort durant 45 jours l'été passé. Une opération qui a coûté 9'000 francs, selon des chiffres que la police cantonale nous a fournis. Ces tâches de protection rapprochée ont aussi entraîné des dépenses de 17'000 francs, principalement pour l'achat de matériel de surveillance et la location de véhicules.
Impossible de chiffrer le coût total de la protection d'Alain Berset et de son entourage, à la charge du canton. La police fribourgeoise nous a uniquement indiqué que le travail d'un agent coûte 100 francs de l'heure. Au vu du nombre d'engagements sollicités en 2021, la facture se chiffre selon nos estimations en centaines de milliers de francs. Elle reste toutefois inférieure à un million, puisqu'au-delà, la Confédération accorde une indemnité aux cantons. Les autorités nous ont confirmé que ça n'a pas été le cas l'an dernier.