Des œuvres d'art chantent du AC/DC au Festival des Lumières
Grâce à l'intelligence artificielle, David Passegand et Moetus Battle ont créé un concert mêlant musique et collections du musée. Interview.
La Télé: Vous projetez votre travail sur les murs de la ville de Morat, à l'occasion du Festival des Lumières. Comment vous est venue l'idée de votre installation?
Moetus Battle: Tout a commencé avec le musée des Beaux-Arts de Lyon qui nous a mis à disposition des œuvres de sa collection. Une fois les reproductions numériques en notre possession, nous les avons alliées à une technologie d'intelligence artificielle qui nous permettait de les faire chanter. De plus, l'envie d'inclure le public était primordiale et ce projet s'inscrivait parfaitement dans cette philosophie. Nous avons pu créer un concept de spectacle que nous adaptons selon les régions. Pour Morat, les œuvres utilisées sont celles des musées d’histoire naturelle et d’art et d’histoire de Fribourg, mises à disposition à l'occasion de leur bicentenaire.
Qu'est-ce que l'intelligence artificielle a changé dans votre manière de procéder?
David Passegand: Il s'agit d'un concept émergeant que nous devons encore apprivoiser. Bien sûr, pour les artistes, c'est un outil formidable. Un spectacle comme celui que nous proposons durant le festival de Morat n'aurait pas pu exister il y a deux ans. Le défi, cependant, est de ne pas se laisser submerger par cet outil. Il faut le dompter.
Comment avez-vous choisi l'association des personnages et des musiques?
M.B.: On commence par les sons, car nous construisons le spectacle comme un concert. Il y a des temps calmes, puis des accélérations, qui donnent une certaine intensité à l'ensemble. Une fois la musique établie, nous piochons dans les œuvres à notre disposition en faisant un casting géant, comme des enfants.
D.P.: On s'amuse à créer des couples improbables, en associant tel chanteur avec telle image. Nous voulons montrer, au public, la manière dont nous nous sommes réappropriés les collections du musée.
Contrairement à une toile, les parois des bâtiments ne sont pas forcément planes. Comment adaptez-vous vos créations aux différentes architectures?
M.B.: Elles font partie des inspirations. En l'occurrence, pour le spectacle de cette année, ce sont les tableaux projetés qui mettent en valeur la façade, pas forcément l'inverse. Cela est dû, notamment, au travail de lumières 3D qui viennent illuminer l'installation et révéler des parties du bâtiment.
D.P.: Le but est de faire dialoguer les bâtiments entre eux, afin de créer des surprises et des étonnements.
Quelle réaction avez-vous envie de provoquer chez les spectateurs?
M.B.: On souhaite que les gens dansent et chantent devant les créations.
D.P.: Quand on convoque plusieurs milliers de personnes dans l'espace public pour un spectacle, nous estimons qu'il est important que les gens soient engagés et c'est notre envie de leur faire vivre une expérience commune, en gardant leur téléphone dans leur poche.
Le festival des Lumières de Morat se déroule tous les soirs jusqu'au 28 janvier.