Des vols VIP depuis Payerne

L'aéropole, connu pour son aviation militaire, accueille des voyages d'affaire. Entretien avec le directeur opérationnel de Speedwings.

Le terminal Speedwings a été inauguré en mars 2019. © La Télé

La Télé. 4 ans après l'ouverture du site, c'est l'occasion de faire le point sur son activité aérienne. Nouveau record établi en ce début d'année: les affaires vont bien ?

 Samuel Werner: Effectivement, l'aviation d'affaires a un peu décollé. Pour le premier trimestre 2023, nous avons pour l'instant eu plus de 500 vols. C'est une augmentation de plus de 30% par rapport au premier trimestre 2022. Nous restons prudents, car le secteur en général n'est pas sur les mêmes dynamiques. En Suisse, on a observé une chute de l'aviation d'affaires en général de moins 6% au moins de mars. 

Peu après l'ouverture, le covid arrive. Voyez-vous maintenant une reprise fulgurante ?

Nous avons inauguré le terminal Speedwings en mars 2019, le covid est arrivé assez rapidement. C'était un frein, mais ça a permis à certaines personnes de se poser des questions sur la mobilité. A l'époque, on était invité à fuir les transports en commun. Les personnes qui le pouvaient ont fait le choix de s'exposer à moins de risques sanitaires en voyageant avec ce moyen de transport. Alors que tous les vols de ligne étaient suspendus, on a continué à pouvoir se déplacer avec l'aviation d'affaires.

Est-ce possible de rallier Payerne à Dubaï ?

Dubaï fait effectivement partie des 380 villes reliées depuis Payerne en 4 ans, au même titre qu'Ashgabat au Turkménistan, Shanghai, Chicago, ou encore Timișoara en Roumanie. Nous couvrons 63 pays et 4 continents. 

Combien coûte un vol Payerne-Paris ?

Pour un avion qui peut transporter 8 passagers, il faut compter à peu près neuf, dix mille francs aller-retour en une journée. Un chef d'entreprise va résonner en productivité. Si vous mettez 8 cadres dans un avion, ça vous fait 2500 francs par cadre. Le temps de l'avion est utilisé comme temps de travail. En une heure, vous êtes directement sur le terrain avec vos collègues. Quand on résonne comme ça, on s'aperçoit que ce n'est pas un mode de locomotion très cher, et qui apporte beaucoup de productivité. 

En terme de nuisance, est-ce que les communes alentours sont satisfaites ?

A Payerne, une force a été d'inclure dans le dialogue les communes riveraines. Un organe de concertation a expressément été mis sur pied pour ça. On reçoit régulièrement des assemblées, notamment des sauvegardes des intérêts des communes riveraines. On échange sur nos problématiques réciproques et on a un très bon dialogue. 

A l'heure de l'urgence climatique, est-il justifié de faire voler des appareils avec si peu de capacité ?

Je dirais que oui car l'avantage de l'aviation d'affaires est que c'est un moyen de locomotion sur mesure. Si vous êtes peu, vous prendrez un appareil plus petit, qui est peu gourmand en kérosène et fera moins d'émissions qu'un avion de ligne. Ça fait du sens d'avoir des jets légers. A Payerne, on voit beaucoup de PC-12, l'avion suisse d'excellence, qui est un des avions les plus économes en matière de carburant.

Comment compensez-vous les gaz à effet de serre ?

Nous ne facturons pas le vol aux passagers, mais aux compagnies qui posent leurs avions à Payerne. Nous ne pouvons pas compenser leurs émissions. L'aviation d'affaires représente 0.04% des émissions globales, donc c'est très minime. A notre niveau, on a une conscience environnementale très forte. On a la chance d'avoir un grand bâtiment avec des panneaux solaires de 4'000 mètres carré qui nous permettent de produire 8'000 kWh par année. Notre équipement au sol est entièrement électrique. Nous mettons également à disposition des voitures hybrides aux équipages qui logent chez nous.

La Télé - Karin Baumgartner
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