Distribution d'aide meurtrière à Gaza

Des dizaines de Palestiniens ont été tués dans les frappes israéliennes incessantes sur la bande de Gaza dévastée par la guerre. Une distribution de nourriture à des habitants affamés y a encore une fois tourné au drame samedi faisant cinq morts.

Les distributions d'aide donnent souvent lieu à des bousculades, la population de Gaza étant affamée, surtout au nord de l'enclave, où Israël interdit les livraisons de l'UNRWA. © KEYSTONE/AP/FATIMA SHBAIR
Le Hamas a annoncé samedi un nouveau bilan de 32'705 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. En 24 heures, 82 morts supplémentaires ont été recensés, selon le Hamas, qui fait aussi état de 75'190 blessés en près de six mois de guerre. © KEYSTONE/AP/Hatem Ali
Les distributions d'aide donnent souvent lieu à des bousculades, la population de Gaza étant affamée, surtout au nord de l'enclave, où Israël interdit les livraisons de l'UNRWA. © KEYSTONE/AP/FATIMA SHBAIR
Le Hamas a annoncé samedi un nouveau bilan de 32'705 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. En 24 heures, 82 morts supplémentaires ont été recensés, selon le Hamas, qui fait aussi état de 75'190 blessés en près de six mois de guerre. © KEYSTONE/AP/Hatem Ali
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Face au risque de famine dans le territoire palestinien assiégé où la guerre entre Israël et le Hamas palestinien ne connaît aucun répit, une flottille a quitté Chypre en direction de Gaza pour y acheminer 400 tonnes d'aide humanitaire. Une aide qui reste très insuffisante devant les besoins immenses.

Près de six mois après le début de la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël, l'armée israélienne a mené de nouveaux raids sur la bande de Gaza, faisant au moins 82 morts ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas. Ce qui porte à 32'705 le bilan total des morts à Gaza d'après le même ministère

Signe d'une situation désespérée, une distribution de nourriture dans la ville de Gaza (nord), où l'aide arrive très difficilement, a provoqué un chaos durant lequel cinq Palestiniens ont été tués par des tirs et une bousculade, selon un membre du Croissant rouge palestinien.

Avant l'aube, des milliers de personnes attendaient à un rond-point l'arrivée d'une quinzaine de camions d'aide. Des images de l'AFP montrent des camions klaxonnant et avançant pendant que des tirs retentissent. S'ensuivent plusieurs secondes de chaos avec des ambulances sirènes hurlantes tentant de se frayer un chemin.

Selon les témoignages recueillis par l'AFP, des personnes chargées de superviser la distribution ont tiré en l'air, blessant plusieurs personnes, tandis que les camions ont renversé d'autres. Les témoins évoquent aussi des tirs "nourris" de chars israéliens positionnés à quelques centaines de mètres, sans préciser dans quelle direction ils tiraient. L'armée israélienne a dit ne pas avoir d'informations au sujet de cet incident.

"Pas assez d'eau"

"Nous n'avons pas assez de nourriture et d'eau", a déclaré à l'AFP Amany, 44 ans, une Palestinienne mère de sept enfants dans le camp de Chati à Gaza-Ville.

Plusieurs distributions d'aides dans cette ville ont tourné au drame depuis février avec plus d'une centaine de morts au total. En début de semaine, 18 Palestiniens ont péri, dont douze noyés en mer, en tentant de récupérer de la nourriture parachutée par des avions arabes et occidentaux.

Strictement contrôlée par l'armée israélienne qui assiège la bande de Gaza depuis le 9 octobre, l'aide par voie terrestre venant principalement d'Egypte via Rafah, entre au compte-gouttes dans le territoire palestinien. Un corridor maritime a été ouvert mi-mars entre Chypre et Gaza avec l'arrivée d'un premier bateau d'aide.

Les agences onusiennes alertent depuis des semaines que la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine, notamment dans le nord de la bande de Gaza. Elles affirment que les parachutages d'aides et la voie maritime ne sont pas suffisants et que seule l'ouverture des accès terrestres peut contribuer à soulager la population. Israël accuse, lui, des agences de l'ONU d'être incapables de gérer et de distribuer les aides.

Combats près d'hôpitaux

Samedi, des milliers d'Israéliens ont de nouveau manifesté à Tel-Aviv pour soutenir les familles des otages qui ont appelé à un rassemblement de masse devant le Parlement à Jérusalem la semaine prochaine. "Ramenez-les à la maison maintenant!", a lancé Shira Elbag, dont la fille de 19 ans, Liri, a été enlevée.

En attendant un nouveau cycle de négociations indirectes entre Israël et le Hamas via les médiateurs internationaux en vue d'une trêve, l'armée israélienne poursuit ses opérations à Gaza. Samedi, elle a frappé des dizaines de cibles dans le centre de Gaza, dont certaines ont visé des habitations selon les autorités du Hamas.

L'armée, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a annoncé avoir tué plusieurs combattants, dont un chef du mouvement palestinien, au 13e jour de son opération dans le complexe hospitalier al-Chifa à Gaza-Ville.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 100 patients et 50 personnels de santé seraient encore dans le complexe. "Nous sommes extrêmement inquiets", a dit sur X son patron Tedros Adhanom Ghebreyesus. D'après le Hamas, les troupes israéliennes sont également présentes dans les secteurs des hôpitaux de Nasser et d'Al-Amal à Khan Younès (sud).

Plus au sud, à Rafah, s'entassent 1,5 million de Palestiniens en majorité des déplacés, qui craignent une offensive terrestre israélienne voulue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Alors que les Etats-Unis s'opposent à cette offensive, l'administration américaine a récemment approuvé le transfert à son allié israélien de bombes et d'avions de combat pour des milliards de dollars, selon le Washington Post qui cite des responsables américains.

ATS
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