Dominique de Buman: "Le moment choisi par Mme Amherd étonne"
Le centriste fribourgeois, ancien membre du Conseil national, réagit à l'annonce de démission de Viola Amherd.
Viola Amherd a annoncé sa démission, mercredi. Étiez-vous surpris?
Partiellement, parce qu'on sentait non pas une certaine lassitude, mais l'accomplissement d'une mission. Et puis, je crois que les intentions de celles et ceux qui exercent un mandat ne peuvent pas rester absolument secrètes éternellement. Il y a toujours une sorte de fuite. Il y a des gens qui anticipent les décisions. Des fois, on prêche le faux pour savoir le vrai. Mais en l'occurrence, ce qui était intéressant ou étonnant, ce n'était pas tellement la décision de Madame Amherd, c'était le moment. On aurait pensé qu'elle aurait attendu les championnats féminins de l'été pour partir.
Vous parlez de timing surprenant. On se demande si l'annonce de départ de Gerhard Pfister du Centre et celle de Viola Amherd ne peuvent pas être mises en lien en sachant qu'il est le premier intéressé au poste.
Je crois que tous les observateurs de la vie politique s'entendent pour dire qu'il n'y a pas véritablement un hasard. Un président de parti ne peut pas être candidat parce qu'il y a une sorte de collision d'intérêts. Il faut lui savoir gré, au minimum, d'avoir clarifié la chose. Et il n'a d'ailleurs lui-même pas décliné une candidature quand la question lui a été posée.
Qu'est-ce qui se trame dans les hautes sphères du centre actuellement?
Oui, il faut savoir qu'il y a un calendrier à respecter. L'élection du successeur ou de la successeure de Viola Amherd aura lieu le mercredi 12 mars. Il appartient maintenant à notre parti de se réunir lundi prochain. Il y aura une conférence de presse. Et ce qui sera certainement communiqué, c'est la procédure qui sera mise en place. Il y aura peut-être un groupe de travail, je pense, qui sera chargé d'établir le portrait robot. Et certainement aussi que le principe de la consultation des cantons va être établi. Nous sommes un parti fédéraliste. Il peut y avoir dans les cantons des conseillers ou des conseillères d'État qui ont l'énergie, qui ont le profil nécessaire. On a déjà eu ça dans la Berne fédérale avec Eveline Widmer-Schlumpf, avec Ruth Metzler, avec Ruth Dreifuss.
On imagine qu'Isabelle Chassot peut être sollicitée, bien qu'elle ait dit qu'elle n'était pas intéressée par cette fonction...
Je pense que c'est tout à fait naturel que son téléphone sonne en ce moment, parce qu'elle a été aussi présidente de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Credit Suisse. Mais ce que souvent les gens ne comprennent pas, c'est qu'il y a un contexte avec les autres partis à respecter. Pour le moment, seul Viola Amherd se retire. La question reste ouverte de savoir si d'autres membres du Conseil fédéral vont d'ici fin janvier, ou plus tard, annoncer leur retrait. Et c'est là que les discussions peuvent se passer entre les partis quant à la représentation des cantons, des langues, des sexes, des âges. On dit aussi que le Conseil fédéral a besoin d'un certain rajeunissement. Et idéalement, il devrait y avoir une concertation entre les partis si deux postes deviennent vacants. Pour le moment, il y a trois latins au Conseil fédéral: deux Romands et un Tessinois. Et donc, selon toute vraisemblance, d'ailleurs, Charles Julliard, le vice-président du Centre suisse, l'a dit, ça devrait être un candidat ou une candidate alémanique si un seul poste qui se libère.
On parle aussi beaucoup du départ d'Ignazio Cassis, là, ça pourrait rabattre les cartes.
Absolument, parce qu'Ignazio Cassis est latin. Alors c'est vrai que ce serait difficile d'admettre qu'il y ait trois Romands. Si Guy Parmelin devait annoncer son départ, car on parle aussi de ça, voilà un autre Romand. Donc là, encore une fois, ça rebat les cartes et c'est la raison pour laquelle je suis extrêmement prudent pour le moment.
Vous connaissez bien Isabelle Chassot. Elle a la carrure de conseillère fédérale?
C'est évident parce qu'elle a la formation, elle a le goût pour la politique, elle a l'expérience du Conseil d'État fribourgeois. Donc, je pense qu'il n'y a aucun paramètre qui s'oppose à une telle candidature. Après, il faut savoir si elle le veut vraiment, parce qu'on a pu constater que tous ceux et toutes celles qui ont exercé cette fonction de conseiller fédéral sont astreints à un certain rythme. Vous n'avez pratiquement plus de vie privée. La population a beaucoup d'attentes.