Doutes sur l'efficacité des frappes en Iran
La fragile trêve entre l'Iran et Israël, entrée en vigueur mercredi, se poursuivait mercredi matin. Le premier ministre israélien a salué une "victoire historique", même si un document confidentiel américain a semé le doute sur l'efficacité des frappes américaines.

"Nous avons anéanti le projet nucléaire iranien. Et si quelqu'un en Iran essaie de [le] reconstruire, nous agirons avec la même détermination, avec la même intensité, pour faire échouer toute tentative", a promis Benyamin Netanyahou dans une adresse à la nation, quelques heures après la mise en oeuvre du cessez-le-feu, imposé par le président américain Donald Trump, répétant que "l'Iran n'aura jamais l'arme atomique".
Mais selon un rapport préliminaire confidentiel du renseignement américain, dont le contenu a été décrit par des sources proches du dossier à des médias, les bombardements par les Etats-Unis des installations de Fordo, Natanz et Ispahan dans la nuit de samedi à dimanche n'auraient pas éliminé complètement les centrifugeuses ou les stocks d'uranium enrichi iraniens.
Les frappes auraient plutôt scellé les entrées de certaines installations sans détruire les bâtiments souterrains, retardant le programme nucléaire iranien de seulement quelques mois, sans le détruire complètement, selon ces informations.
"Rabaisser le président Trump"
"Les sites nucléaires en Iran sont complètement détruits", a réitéré mardi Donald Trump sur son réseau Truth Social, réfutant ces informations. Dimanche, après les bombardements américains, il s'était vanté d'"une réussite militaire spectaculaire".
La porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt a confirmé l'authenticité du rapport, mais a déclaré qu'il était "tout à fait erroné et classé 'top secret' et pourtant divulgué".
Cette fuite "est une tentative évidente de rabaisser le président Trump et de discréditer les courageux pilotes qui ont parfaitement exécuté leur mission pour détruire le programme nucléaire iranien", a-t-elle écrit sur le réseau social X.
Après les frappes, le ministre de la défense Pete Hegseth avait estimé qu'elles avaient "dévasté le programme nucléaire iranien". Le chef d'état-major américain, le général Dan Caine, s'était montré plus prudent en déclarant qu'elles avaient causé "des dommages et des destructions extrêmement graves" aux installations visées.
"La partie n'est pas terminée"
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d'évaluer les dégâts infligés aux sites iraniens, auxquels il a réclamé un accès. Des experts estiment que l'Iran pourrait avoir évacué le matériel nucléaire des sites touchés et Téhéran a affirmé toujours posséder des stocks d'uranium enrichi.
L'AIEA a dit n'avoir décelé jusqu'à présent aucun indice d'un "programme systématique" de fabrication d'une bombe atomique dans le pays.
L'Iran, qui a lui aussi crié "victoire" mardi, s'est dit prêt à reprendre langue avec Washington. Il a annoncé avoir "pris les mesures nécessaires" pour assurer la poursuite de son programme nucléaire, dont il assure qu'il est strictement civil.
Un conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien, a affirmé que son pays possédait toujours des stocks d'uranium enrichi et que "la partie n'est pas terminée".
Gaza
En Israël, l'armée a levé mardi soir les restrictions imposées à sa population pendant le conflit, mais a prévenu, par la voix du chef d'état-major, que "la campagne contre l'Iran n'était pas terminée" et que s'ouvrait un "nouveau chapitre".
Le lieutenant-général Eyal Zamir a dit par ailleurs que son armée allait se reconcentrer sur la bande de Gaza, où elle combat depuis octobre 2023 le Hamas palestinien.
Israël avait attaqué l'Iran par les airs le 13 juin, accusant une nouvelle fois Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique. La République islamique, qui a toujours défendu son droit au nucléaire civil, a riposté pendant 12 jours en multipliant les tirs de missiles et de drones sur Israël.
Selon un bilan officiel iranien qui ne recense que les victimes civiles, la guerre a fait au moins 610 morts et plus de 4700 blessés dans le pays. Côté israélien, les tirs de riposte de l'Iran ont fait 28 morts, selon les autorités.