Affaire Ducrest: une enseignante visée par une plainte
Après un hommage à son ancien directeur Frédéric Ducrest, licencié début 2024, une enseignante du CO de La Tour-de-Trême fait l’objet d’une plainte.
Le climat reste tendu dans l’école fribourgeoise. Selon un courrier de lecteur paru samedi dans La Liberté, l’incident s’est produit en avril dernier, lors de la fête marquant les 20 ans du Cycle d’orientation de La Tour-de-Trême. À cette occasion, la responsable du chœur, également enseignante, a pris la parole pour rendre un hommage personnel à Frédéric Ducrest, son ancien directeur. Contactée par téléphone, elle nous confirme avoir dit ces mots:
"À titre personnel, je vais diriger ce dernier chant du chœur pour Frédéric Ducrest, parce que ça m'est très violent d'être sur cette scène en sachant que sont présents dans la salle Mme la conseillère d'État Sylvie Bonvin-Sansonnens et M. l'inspecteur scolaire, qui ont pris la décision de licencier notre directeur."
Cette déclaration a été mal reçue par l’inspecteur scolaire visé, qui a déposé une plainte contre elle. Quelques jours après la fête, l’enseignante a d’abord été convoquée par la direction du Service de l'enseignement obligatoire de la langue française (SEnOF), avant d’être informée qu’une procédure judiciaire avait été engagée.
Réaction de la DFAC
Interpellée, la Direction de la formation et des affaires culturelles (DFAC) rappelle que "l’État-employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des membres de son personnel qui font l’objet de menaces ou d’attaques présumées injustifiées, en lien avec l’exercice conforme de leur fonction". La DFAC précise qu’elle ne fera aucun autre commentaire à ce stade. Le dossier est désormais entre les mains du Ministère public.
Le syndicat monte au créneau
Le syndicat Formation Fribourg déplore la situation et appelle à une protection équitable de tout le personnel scolaire. "Dans un climat déjà tendu, les messages qui semblent accorder une attention prioritaire aux cadres peuvent être perçus comme excluants par le corps enseignant. Cela risque d’accentuer le sentiment de fracture entre la base et l’administration et de rendre plus difficile la restauration d’un dialogue constructif", avertit-il.
Selon Formation Fribourg, l’annonce d’une plainte pénale dans un contexte tendu ne fait qu’alimenter un sentiment d’insécurité et de crainte chez de nombreux enseignants. Une dynamique qu’ils qualifient de peu propice à la reconstruction d’un climat de confiance.
Nous avons essayé de joindre l’inspecteur scolaire à l’origine de la plainte, mais celui-ci n’a pas répondu à nos appels.